Projet — Réflexions

Difficultés de mettre des minorités sur le devant de la scène

Nous avons rapidement fait face à la difficulté de rendre compte de la diversité des personnages de l’Histoire. En effet, l’invisibilisation de certaines minorités telles que les personnes racialisées, précaires et MOGAI notamment font que, malgré nos recherches, nous n'avons trouvé que très peu de femmes* issues de ces catégories.

De plus, les professions considérées comme féminines ayant toujours été moins valorisées, le travail des femmes* ainsi que leur histoire personnelle n’ont pas été retenus dans l’Histoire. Par exemple, on sait que beaucoup de femmes* ont travaillé dans les métiers du care (soins), mais très peu d'informations les concernant sont disponibles. Pourtant, leur travail était essentiel au bon fonctionnement de la société.

Toutes les femmes* choisies remplissent les critères officiels de nomination des rues sans pour autant être les plus « importantes » de l’Histoire de la Ville. Certain.e.x.s ont été choisi.e.x.s pour leur côté ordinaire, tout comme une partie des hommes ayant donné leur nom à des rues, le but étant de les rendre visibles au même titre que ces derniers. Dans cette optique, nous avons sélectionné des personnalités, mais également des femmes* moins connues. Les noms ont également été choisis pour représenter différentes époques historiques grâce aux spécialisations de l’équipe d’historien.ne.x.s.

Les femmes* dans l’histoire – pas tou.te.x.s des superhéroïnes

Non, elles* n’ont pas fait que de « bonnes » choses et notre sélection ne repose pas sur des critères moraux. En effet, notre but n'est pas de faire l'apologie de ces femmes* mais de les rendre visibles. C’est un travail d'archives dont l'objectif est de rappeler l'existence et le rôle de ces personnes dans l’Histoire de Genève. Comme les hommes, ces femmes* ont leur place dans nos mémoires collectives et dans nos rues, qu'elles soient ou non des modèles.

Réflexions sur le concept des noms des rues

Le concept même de nommer des rues (ou des bâtiments, etc.) selon des personnalités est questionnable. Tout d'abord, cela donne plus d’importance à certaines personnes qu’à d’autres, selon des critères subjectifs. Que signifie « avoir marqué l’histoire de Genève de manière pérenne »? Pourquoi les pianiste.x.s seraient plus important.e.x.s que les ouvrier.e.x.s ? Ces personnes ont-elles apporté plus à la société? Cet exemple montre bien que la sélection s'est faite en fonction de critères sexistes, mais également classistes. L’écriture de l’Histoire a toujours été discriminatoire envers les minorités, car les personnes qui l’ont écrite sont en position dominante. Avec ce projet, nous ne voulons ainsi pas dire que les femmes* choisies sont plus importantes ou meilleures que toutes les autres femmes*. Nous dénonçons le sexisme dans l’Histoire, à cause duquel même les femmes* qui correspondent aux critères de nomination des rues (certes questionnables) ont été invisibilisées. Consciente.x.s de ces enjeux, nous avons décidé de ne pas choisir que des femmes* qui soient politiciennes ou de classe socio-économique aisée, comme c'est le cas avec un grand nombre de personnalités. Nous avons aussi voulu rendre visibles d’autres corps de métiers et d’autres fonctions perçues comme moins prestigieuses. Bien évidemment, il était dès lors plus difficile des sources mentionnant ces personnes, puisqu’elles n’étaient pas considérées comme dignes d’être mentionnées dans l’Histoire.

Choix des aspects pratiques: les plaques

Nous avons longuement réfléchi au choix de la couleur des plaques, et ce ne fut pas une mince affaire, car les couleurs ont une signification. Nous avions également des contraintes de la part de la Ville de Genève. Pour des raisons de sécurité, il fallait que nos plaques soient différentes des plaques actuelles pour éviter toute confusion. Enfin, la contrainte du prix et la difficulté pour l’entreprise mandatée de créer certaines couleurs nous ont poussées à de longues réflexions et discussions. Notre choix s'est finalement porté sur le violet, notamment en référence au code couleur des luttes MOGAI.

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