Una MARSON

1905-1965, journaliste, poétesse et dramaturge

Née le 6 février 1905 à Santa Cruz en Jamaïque et décédée le 6 mai 1965 à Kingston, Una Marson est journaliste, poétesse et dramaturge.

Issue d’une famille baptiste et bourgeoise, Una Marson rejoint en 1926 le journal Jamaica Critic en qualité d’assistante-éditrice après avoir suivi une formation en sténographie. En 1928, elle devient la première femme jamaïcaine à éditer et à publier son propre journal, The Cosmopolitan. En parallèle à ces activités, elle est également poétesse et dramaturge. En 1930, elle publie son premier recueil de poèmes, Tropic Reveries, qui obtient le Musgrave Medal par l’Institute of Jamaica. Ce dernier est suivi d’un deuxième recueil, Heights and Depths, publié en 1931, puis de sa première pièce de théâtre, At What a Price, qui est acclamée par les critiques. Dans ses premiers écrits littéraires et journalistiques, elle aborde surtout la question du colorisme – une discrimination née de l’histoire coloniale et raciste qui voit une personne noire à la peau claire avantagée par rapport à une personne noire à la peau foncée – en Jamaïque, incite les femmes à la prise de parole publique sur des questions politiques et sociales ainsi qu’à leur autodétermination. Pour ce qui est de ses analyses des rapports de classe, Una Marson, de sa position bourgeoise, insiste toutefois sur la nécessité de « redresser les pauvres pour redresser l’ensemble de la communauté noire ».

Les positionnements intellectuels d’Una Marson prennent une connotation plus antiraciste et internationaliste dès le moment où elle s’installe à Londres en 1932. Elle rejoint alors la League of Coloured Peoples fondée par Harold Moody et devient l’éditrice du journal de l’organisation, The Keys. C’est dans ce cadre qu’elle publie son poème « Nigger » en 1933 et qu’elle s’engage activement dans le panafricanisme et l’internationalisme, travaillant de près avec des personnalités comme Jomo Kenyatta, George Padmore et C. L. R. James. Elle rejoint également des organisations féministes telles que l’International Alliance of Women et la British Commonwealth League dans lesquelles elle se positionne ouvertement comme femme noire luttant également contre le racisme et le colonialisme.

En 1935, Una Marson est invitée par le secrétaire général de la Société des Nations à Genève de manière à ce qu’elle puisse se familiariser avec la nouvelle organisation. Elle y passe d’abord trois semaines en tant que collaboratrice dans la Section d’information, puis y revient en 1936 en tant que secrétaire de l’empereur Haïlé Sélassié venu défendre la cause de l’Éthiopie devant les membres de l’organisation internationale après l’invasion du pays par l’Italie fasciste.

À la fin de ce mandat, Una Marson fait une courte dépression due à une surcharge de travail et rentre en Jamaïque. Pendant deux ans, elle s’implique dans le Jamaica Women’s Liberal Club et publie deux pièces de théâtre, London Calling en 1937 et Pocomania en 1938, toutes deux s’inscrivant dans une perspective féministe et de valorisation des cultures afrodescendantes. C’est également cette année-là qu’elle fonde avec Amy Bailey et Marie Morris-Knibb le projet Save the Jamaican Children’s Fund.

En 1941, Una Marson repart pour Londres et devient la première femme noire à intégrer la BBC en tant que journaliste. Elle rejoint l’équipe du programme Calling the West Indies qui s’occupe de relayer les messages de soldats du front à leur famille, et en devient la productrice une année plus tard. Elle renomme le programme Caribbean Voices et travaille avec, entre autres, George Orwell et T. S. Eliot pour en faire une plateforme de diffusion littéraire d’auteur.rice.s caribéen.ne.s. En 1945, Una Marson publie son dernier poème « Towards the Stars » et fait à nouveau une dépression qui l’amène à repartir pour la Jamaïque. Une fois guérie, elle se consacre à nouveau à la littérature et à la justice sociale avant de s’éteindre en 1965 d’un arrêt cardiaque.


Biographie : Pamela Ohene-Nyako

Œuvres (sélection)
  • Tropic Reveries, Kingston, Gleaner Co., 1930.
  • At What a Price, unpublished playscript, in LCP1933/47, Lord Chamberlain’s Plays, Manuscript Collections, Londres, The British Library, [1933].
  • Selected Poems, éd. Alison Donnell, Leeds, Peepal Tree Press, 2011.
  • Pocomania and London Calling, Kingston, Blouse & Skirt Books, 2016 [1938, 1939].
Bibliographie
  • Jarrett-Macauley, Delia, The Life of Una Marson, 1905-65, Manchester, Manchester University Press, 1998.
  • Reddock, Rhoda, « Diversity, Difference and Caribbean Feminism: The Challenge of Anti-Racism », Caribbean Review of Gender Studies, no 1, 2007, p. 1-24.
  • Umoren, Imaobong D., « ‘This Is the Age of Woman’ : Black Feminism and Black Internationalism in the Works of Una Marson, 1928-1938 », History of Women in the Americas, vol. 1, no 1, 2013, p. 50-73.
  • Umoren, Imaobong D., Race Women Internationalists. Activists-intellectuals and Global Freedom Struggles, Oakland, University of California Press, 2018.
  • « Una Marson », in Wikipédia (https://en.wikipedia.org/wiki/Una_Marson).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

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Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles