Thérèse PITTARD

Thérèse PITTARD

1872-1969, pédagogue et historienne

Née le 2 janvier 1872 à Genève et décédée le 25 septembre 1969 à Chêne-Bourg en Suisse, Thérèse Pittard est une institutrice, pédagogue et historienne locale, dont la vie et l’œuvre ont jusqu’à présent été peu étudiées par les historien.ne.s.

Fille de Jeannette Bergin, de parcours inconnu, et d’Ami-Michel Pittard, fabricant de boites de montres, Thérèse Pittard grandit dans une famille d’extraction modeste. À l’âge de 35 ans, en 1906, elle est nommée aux fonctions de maitresse d’étude de l’École secondaire et supérieure de jeunes filles, à une période où la non-mixité est de rigueur dans l’enseignement public genevois. Appréciée par ses élèves, elle a le « don d’établir immédiatement […] des rapports de confiance et d’amitié » et sait rendre ses leçons vivantes. Pour appuyer ses démonstrations, elle utilise parfois des artéfacts du Musée d’ethnographie de Genève, créé en 1901 par son frère, Eugène Pittard : elle se sert notamment de crânes préhistoriques ou de bâtons creux de Nouvelle-Calédonie. En 1931, Thérèse Pittard devient membre de la Commission scolaire, après avoir été nommée par le Conseil d’État. Elle démissionne trois ans plus tard de ses fonctions de maitresse d’étude, après vingt-huit années d’enseignement, et prend ainsi sa retraite à l’âge de 63 ans.

En parallèle de ses charges professionnelles, Thérèse Pittard poursuit des recherches en histoire suisse et investit régulièrement les archives d’État. À ce titre, elle est nommée membre de la Société de géographie en 1907. Pendant plusieurs années, elle suit le projet d’écrire une histoire des femmes de la ville de Genève. En 1946, elle publie son monument, Femmes de Genève aux jours d’autrefois, chez Labor et Fides. Cette étude évoque, entre autres, la question de leurs droits, du mariage, du divorce, de l’emploi et du libertinage. Thérèse Pittard y présente plusieurs catégories de femmes aux horizons sociaux différents : « gentes demoiselles », artisanes, sages-femmes, prostituées et sorcières. Après sa parution, l’ouvrage et son autrice sont salués par la critique. Au Journal de Genève, Édouard Chapuisat indique que : « Son érudition venant à l’aide de son patriotisme l’a engagée à présenter à tous les lecteurs, qu’ils soient de Saint-Gervais, ou de la rue des Granges, des figures de femmes d’autrefois, dont les talents brillèrent dans la République ». Alice Wiblé-Gaillard, la rédactrice en cheffe du Mouvement féministe, mensuel fondé par Émilie Gourd en 1912, félicite également la « femme de science rigoureuse » et considère que ses travaux sont autant de preuves historiques que « l’émancipation de la femme moderne n’est pas un phénomène révolutionnaire et nouveau, contraire aux lois de la nature et d’une société bien équilibrée ».

Thérèse Pittard prend également part à la vie de la cité. Si elle compte parmi les lectrices du Mouvement féministe, l’historienne conseille aussi à la rédaction de mentionner des ouvrages de femmes, tels que ceux de la juriste chinoise Tcheng Yu-Hsiu ou encore des écrivaines françaises Marguerite Audoux et André Corthis. En 1912, suite à la Première Guerre balkanique, elle se soucie également du sort réservé aux Turc.que.s et participe aux côtés de son frère à un appel aux dons (argent, linge, pansements, vêtements) pour venir en aide aux blessé.e.s ; appel qui est publié dans le Journal de Genève. Thérèse Pittard s’éteint en 1969.


Biographie : Caroline Montebello

Œuvres (sélection)
  • « Une ‘fureur charbonnique’ (Petit fait historique genevois) », Journal de Genève, 17 décembre 1942, p. 5.
  • « À propos du 500e anniversaire du Noble exercice de l’arc », Journal de Genève, 24 et 25 juin 1944, p. 5.
  • Femmes de Genève aux jours d’autrefois, Genève, Labor et Fides, 1946.
Sources
  • « Conseil d’Etat », Journal de Genève, 12 septembre 1906, p. 3.
  • « Séance du 22 mars 1907 », Le globe. Revue genevoise de géographie, tome 46, 1907, p. 136.
  • « Pour les victimes de la guerre, appel en faveur des blessés turcs », Journal de Genève, 29 novembre 1912, p. 4.
  • « Notre plébiscite », Le mouvement féministe, vol. 8, no 107, 1920, p. 163.
  • « Genève, Conseil d’État, séance du vendredi 27 mars », Journal de Genève, 28 mars 1931, p. 3.
  • « Conseil d’État, séance du Samedi 9 juin », Journal de Genève, 12 juin 1934, p. 4.
  • Chapuisat, Édouard, « Femmes de Genève », Journal de Genève, 11 décembre 1946, p. 9.
  • Wiblé-Gaillard, Alice, « Femmes de Genève, un livre qui témoigne, sans le vouloir, en faveur du vote féminin », Le mouvement féministe, vol. 34, no 719, 1946, p. 81.
  • « Avis mortuaires », Journal de Genève, 29 septembre 1969, p. 9.
  • « Thérèse Pittard, pédagogue et historienne genevoise », Journal de Genève, 7 octobre 1969, p. 9.
Bibliographie
  • Goerhrke, Carsten, « Eugène Pittard », in Dictionnaire historique de la Suisse (https://beta.hls-dhs-dss.ch/fr/articles/042938/2010-02-03/).
  • Monnier, Anne, « La question de la mixité dans l’enseignement public genevois. Entre séparation, porosité et convergence (1836-1969) », Histoire de l’éducation, vol. 3, no 142, 2014, p. 201-219.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles