Renée BURLAMACCHI
Source: Stronchin 156 f031

Renée BURLAMACCHI

1568-1641, mémorialiste

Née le 25 mars 1568 à Montargis en France et décédée le 11 septembre 1641 à Genève, Renée Burlamacchi est une autrice mémorialiste.

Renée Burlamacchi est la fille de Chiara Calandrini et du banquier Michele Burlamacchi. Elle est l’ainée d’une fratrie de huit enfants. Ses parents appartiennent à l’élite marchande et sont originaires de Lucques en Italie. Inquiété.e.s pour leur adhésion à la Réforme protestante, avec plusieurs membres de leur réseau familial, Michele et Chiara Burlamacchi s’exilent à Montargis en France. Iels sont accueilli.e.s dans la demeure de la dame de Montargis, Renée de France, la duchesse de Ferrare, qui est rentrée dans ses terres pour professer ouvertement sa foi protestante, et qui offre l’hospitalité aux réfugié.e.s suite aux persécutions religieuses. La duchesse est la marraine de Renée Burlamacchi, qui hérite ainsi de son prénom. En 1572, les membres de la famille échappent de peu aux massacres de la Saint-Barthélemy à Paris et sont ensuite reçus par le duc de Bouillon, à Sedan, dans les Ardennes. En 1585, cinq ans après le décès de Chiara Calandrini, Michele Burlamacchi s’établit finalement à Genève avec ses enfants pour échapper aux guerres de Religion.

Le 29 mai 1586, Renée Burlamacchi épouse le banquier César Balbani, originaire d’une famille lucquoise. De ce mariage naissent sept fils et trois filles, tous et toutes mort.e.s en bas âge. Suite au décès de son époux, le 26 avril 1621, Renée Burlamacchi dispose librement d’un héritage pécuniaire considérable. En 1623, elle épouse Théodore Agrippa d’Aubigné, homme de guerre et de lettres français réfugié à Genève, car poursuivi en France pour ses ouvrages dénonçant les adversaires politiques des protestant.e.s. Théodore Agrippa d’Aubigné écrit dans son autobiographie que ce mariage avec Renée Burlamacchi « fut commencé par la voix du peuple », autrement dit, très attendu par la communauté genevoise, et témoigne du prestige social et personnel qui entoure cette dernière. Femme cultivée, elle lui offre, à l’occasion de leurs noces, un « album poétique » manuscrit, soit une sélection des poèmes qu’il a écrits, et dont elle a choisi et recopié des extraits.

Le couple partage sa vie entre Genève et son château situé à Crest, dans le sud-est de la France. Renée Burlamacchi collabore aux activités littéraires de son époux, en copiant ses manuscrits. En tant que personne de confiance, elle occupe aussi le rôle d’archiviste et de secrétaire, tout en exerçant une fonction de médiatrice dans les correspondances entretenues avec leur réseau familial et social. Renée Burlamacchi rédige aussi les mémoires de sa famille, sous le titre de Descrittione della vita e morte del signor Michele Burlamacchi gentilhuomo lucchese. Composé en 1623, ce manuscrit raconte la vie nomade des Burlamacchi, causée par les persécutions religieuses. Les mémoires abordent également les évènements principaux de la vie de l’écrivaine, de son baptême à son premier mariage. En employant le « nous », pour raconter les péripéties des membres de son réseau, l’autrice conçoit son texte comme un récit historique rédigé à la première personne : elle entend s’adresser « à ceux qui viendront après ». Le travail est dédié à la mémoire de son père, mais s’arrête longuement sur le rôle actif exercé par les femmes au cours de ces pérégrinations familiales, et notamment sur sa tante Magdelaine Calandrini, qui élève les enfants de sa belle-sœur Chiara après sa disparition.

En 1630, Renée Burlamacchi est nommée exécutrice testamentaire par Théodore Agrippa d’Aubigné et hérite de tous ses livres en français et en italien. La même année, elle compose un récit détaillé sur les derniers instants de son époux et sur sa mort, qu’elle transmet sous la forme de lettre à l’attention de leur entourage et de ses proches. Le 1er juillet 1636, Renée Burlamacchi rédige son testament, où elle remercie Dieu d’avoir amené sa famille à Genève, qu’elle définit comme un lieu d’asile et de consolation ; elle demande à y être enterrée auprès de son premier époux. Elle confirme son testament le 3 septembre 1641, et décède au Petit-Saconnex trois jours plus tard.

Ses écrits, qui ont circulé sous la forme manuscrite, ont été publiés dès la fin du XIXe siècle, mais ils ont jusqu’à récemment été utilisés comme sources pour l’étude de la vie de Théodore Agrippa d’Aubigné, ou des chefs de la famille Burlamacchi. Ce n’est que depuis peu que ce travail documentaire sert à éclairer les parcours des femmes de son réseau, permettant une meilleure compréhension de leur rôle et de leur impact.


Biographie : Pauline Debbiche et Daniela Solfaroli Camillocci

Œuvres
  • « Descrittione della vita e morte del signor Michele Burlamacchi gentilhuomo lucchese (1623) », in Broomhall, Susan, Winn, Colette H. (éd.), Les femmes et l’histoire familiale (XVIe-XVIIe siècle), Paris, Honoré Champion, 2008, p. 94-106.
  • « Récit sur la mort d’Agrippa d’Aubigné », Bulletin de la Société de l’histoire du protestantisme français, tome 42, 1893, p. 32-35.
Bibliographie
  • Broomhall, Susan, Winn, Colette H., « La représentation de soi dans les mémoires féminins du début de l’époque moderne », Tangence, no 77, 2005, p. 11-35.
  • Droz, Eugénie, « L’album poétique de Madame Agrippa d’Aubigné », Bibliothèque d’humanisme et Renaissance, tome 9, 1947, p. 173-189.
  • Roth, Barbara, « Burlamaqui », in Dictionnaire historique de la Suisse (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/025483/2003-03-13/).
  • Schrenck, Gilbert, « Renée Burlamacchi », in Dictionnaire des femmes de l’ancienne France, SIEFAR (http://siefar.org/dictionnaire/fr/Ren%C3%A9e_Burlamacchi).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles