Rachel CROWDY

1884-1964, fonctionnaire de la Société des Nations

Née le 3 mars 1884 à Paddington et décédée le 10 octobre 1964 à Surrey, en Angleterre, Dame Rachel Eleanor Crowdy-Thornhill est la seule femme en charge d’une section au Secrétariat de la Société des Nations (SdN), la Section des questions sociales et du trafic de l’opium.

Rachel Crowdy est la fille de Mary Isabel Anne Fuidge, de parcours inconnu, et de James Crowdy, avocat. Scolarisée au collège Hyde Park New à Londres, elle obtient un diplôme d’infirmière au Guy’s Hospital en 1908. En 1911, elle rejoint le nouvellement créé Voluntary Aid Detachment (VAD), une union de volontaires liée à la Croix-Rouge britannique. Elle étudie également pour devenir apothicaire et, entre 1912 et 1914, enseigne à la Société nationale de la santé à Londres. Dès la Première Guerre mondiale, Rachel Crowdy se fait connaître pour la qualité de son travail au sein du VAD. Avec son amie Katarina Furse, elles franchissent les frontières de genre qui entourent les professions militaires. Elles mettent en place des centres de premiers secours dans toute la Grande-Bretagne, avant de partir pour la France. Elles participent ensuite à la bataille d’Ypres, une des batailles les plus violentes du premier conflit mondial, où du côté des Alliés seulement vingt infirmières sont présentes pour 30 000 militaires. Rachel Crowdy reste sur le continent pendant toute la durée de la guerre, installant des centres médicaux sur les lignes de front, puis, avec sa sœur Mary, un hôpital à l’hôtel Crystal de Boulogne. À la fin du conflit, son rôle est récompensé par des décorations : en 1919, elle est, par exemple, nommée membre de l’Ordre de l’Empire britannique et obtient le titre de « Dame ».

À la naissance de la SdN, basée au Palais Wilson à Genève, elle est recrutée pour prendre en charge la Section des questions sociales et du trafic de l’opium. Le but de cette section est de lutter contre le commerce de l’opium et de combattre des phénomènes internationaux comme le trafic des femmes et des enfants. Au début, la section est composée presque uniquement de femmes et son rôle est plutôt secondaire dans l’administration de la SdN. Mais Rachel Crowdy parvient à mettre en avant cette problématique et le rôle de sa section est, aujourd’hui, considéré par les historien.ne.s comme l’une des réussites de la SdN. Elle participe à l’inscription des questions humanitaires à l’agenda des organisations internationales. Après le départ de Rachel Crowdy en 1931, la section est divisée en deux entités, une pour l’opium et une pour les questions sociales ; les deux hommes nommés à leurs têtes sont faits directeurs – un grade que Rachel Crowdy n’aura jamais atteint – et leurs salaires augmentés.

La carrière de Rachel Crowdy ne s’arrête pas pour autant. Entre 1935 et 1936, elle est membre de la Commission royale britannique sur la question du trafic d’armes. En 1937, elle voyage en Espagne avec une délégation comme observatrice de la guerre civile, puis, entre 1939 et 1946, elle est experte régionale pour le ministère de l’Information britannique, sa dernière position importante. Le 13 décembre 1939, elle se marie avec John Massy Thornhill. Après la Seconde Guerre mondiale, alors retraitée, elle continue d’oeuvrer pour promouvoir la présence des femmes au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU), notamment à travers son rôle de présidente du Conseil de recommandation sur les questions concernant les femmes de l’Association britannique des Nations unies, une organisation non gouvernementale qui a pour but de promouvoir les activités de l’organisation internationale. Rachel Crowdy décède le 10 octobre 1964 à l’âge de 80 ans.


Biographie : Myriam Piguet

Bibliographie
  • Laville, Helen, « Woolly, Half-Baked and Impractical? British Responses to the Commission on the Status of Women and the Convention on the Political Rights of Women 1946-67 », Twentieth Century British History, vol. 23, no 4, 2012, p. 473-495.
  • Marbeau, Michel, « Rachel Crowdy », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 178-179.
  • Miller, Carol Ann, Lobbying the League, Women’s International Organizations and the League of Nations, Dissertation, Oxford, Oxford University, 1992.
  • Prochaska, Alice, « Crowdy, Dame Rachel Eleanor », in Oxford Dictionary of National Biography (https://doi.org/10.1093/ref:odnb/32647).
  • « Dame Rachel Eleanor Crowdy », in LONSEA database (www.lonsea.de/pub/person/5391).
  • « Rachel Crowdy », in Wikipédia (https://en.wikipedia.org/wiki/Rachel_Crowdy).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles