Pearl GROBET-SECRÉTAN
Source: collection privée

Pearl GROBET-SECRÉTAN

1904-1988, suffragiste

Née le 28 décembre 1904 à Londres et décédée le 26 mars 1988 à Genève, Pearl Grobet-Secrétan est une enseignante, suffragiste et militante socialiste.

Fille de Laura Clarke et d’Adolphe Secrétan, tous deux de parcours inconnus, Pearl Secrétan est licenciée ès lettres de l’Université de Londres en 1922, université ouverte aux femmes depuis 1868. Dans ce milieu progressiste, elle s’initie aux luttes sociales ainsi qu’aux luttes pour les droits politiques des femmes. Elle s’installe ensuite aux États-Unis et obtient un master à l’Université de Columbia de New York. Enseignante de français au Sarah Lawrence College et au Packer Collegiate Institute, elle se marie avec Édouard Grobet et donne naissance à trois enfants. Durant la Seconde Guerre mondiale, elle devient en outre bénévole pour la Croix-Rouge états-unienne.

Installée à Genève dès 1947, Pearl Grobet-Secrétan milite au sein de l’Association suisse pour le suffrage féminin. Cette association, créée en 1909 par le regroupement de nombreuses associations en faveur du droit de vote pour les femmes, œuvre pour garantir l’accès des femmes à l’égalité politique par des moyens officiels, tels que le dépôt d’une pétition à Berne en 1929. Pearl Grobet-Secrétan participe notamment à la campagne pour les votations populaires de 1959 lors de laquelle le droit de vote est refusé aux femmes par 66,9 % des hommes de Suisse (taux de participation de 66,7 %). Vaud, Neuchâtel et Genève sont les seuls cantons à ne pas rejeter l’initiative. Dans la foulée, les deux premiers cantons adoptent le droit de vote pour les femmes au niveau communal ainsi que cantonal la même année, suivis par Genève en 1960. À la faveur de cette extension des droits politiques des femmes, Pearl Grobet-Secrétan se présente aux élections de 1961 comme candidate au Grand Conseil pour le Parti socialiste. Divorcée, elle doit se présenter sous l’appellation « Pearl Secrétan, divorcée Grobet », ce qui aurait pu lui porter préjudice. Elle n’est en effet pas élue. Elle continue de militer pour l’obtention du suffrage féminin au niveau fédéral, droit obtenu en 1971 seulement.

Pearl Grobet-Secrétan se mobilise également autour de questions liées à la pédagogie. Elle est ainsi membre fondatrice du mouvement Famille-école, un mouvement qui œuvre pour que les associations de parents d’élèves soient reconnues comme des partenaires dans les débats concernant l’école. Avec des politicien.ne.s et des membres du corps médical, elle se bat également pour la création d’un planning familial à Genève. À la suite de ces mobilisations, le Centre d’information familiale et de régulation des naissances – un service public destiné à la lutte contre l’avortement par la diffusion de la contraception et à la promotion de la famille – est institué en 1965 par une loi du Grand Conseil. Également très active dans la sphère internationale, Pearl Grobet-Secrétan est déléguée auprès de l’Organisation des Nations unies pour la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté ainsi que pour la Fédération internationale des droits de l’homme. Elle prend en outre part à la troisième Conférence mondiale des femmes de Nairobi (1985) et participe aux mobilisations contre l’apartheid en Afrique de Sud.


Biographie : Laure Piguet

Travaux
  • « Comme on l’a constaté au congrès de Dublin de l’Alliance internationale des femmes : le centre de gravité de la lutte en faveur de l’égalité des droits et des responsabilités s’éloigne de la vieille Europe », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 49, no 14, 1961, p. 5.
  • « Assises annuelles de l’Association suisse pour le suffrage féminin », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 51, no 31, 1963, p. 4.
  • « Le rôle des organisations féminines internationales », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 52, no 45, 1964, p. 5.
  • « Le travail de l’Alliance internationale des femmes », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 52, no 45, 1964, p. 4.
  • Avec Isabelle Aguet, « Statistique sur la participation des femmes à la vie politique », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 53, no 48, 1965, p. 3.
Sources
  • « Élection des députés au Grand Conseil : Genève, 4 et 5 novembre 1961 : programme des partis officiels », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 49, no 11, 1961, p. 1-2.
  • « Décès à Genève », Journal de Genève, 7 avril 1988, p. 19.
Bibliographie
  • Burgnard, Sylvie, Produire, diffuser et contester les savoirs sur le sexe. Une sociohistoire de la sexualité des années 1970, Berne, Peter Lang, 2015.
  • Grobet, Erik, « Pearl Grobet-Secrétan », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 268-269.
  • Voegeli, Yvonne, « Suffrage féminin », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F10380.php).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles