Paule MINCK ou (Mink)
ou Mink, 1839-1901, femme de lettres, communarde et féministe
Née le 9 novembre 1839 à Clermont-Ferrand en France et décédée le 28 avril 1901 à Paris, Paule Minck, de son vrai nom Adèle Paulina Mekarska, est une femme de lettres, communarde et féministe.
La future Paule Minck est originaire d’une famille d’aristocrates ou, suivant les sources, de comédien.ne.s par sa mère, Jeanne Blanche Cornélie Delaperrierre, et de la haute noblesse polonaise par son père, le comte Jean Nepomucène Mekarski. Dès la fin des années 1860, elle s’engage à la fois pour le socialisme et le féminisme. Installée à Paris, elle fonde la Société fraternelle de l’ouvrière, une organisation féministe et révolutionnaire, adhère à l’Association internationale des travailleurs et prend la parole lors de nombreuses conférences pour y défendre les droits politiques des femmes. Elle milite par exemple pour le droit des femmes au travail hors de la maison ainsi que pour l’égalité salariale. En 1869, elle publie Les mouches et les araignées, un journal rapidement censuré, dans lequel elle compare Napoléon III à une araignée dévorant le peuple (les mouches).
Patriote, Paule Minck participe à la défense d’Auxerre lors de la guerre franco-allemande de 1870, mais refuse la Légion d’honneur qui lui est offerte. De retour dans la capitale, elle prend part à l’insurrection du 18 mars 1871 à l’origine de la Commune de Paris. Durant ce moment révolutionnaire et autogestionnaire, elle continue à diffuser ses idées socialistes et féministes par le biais de l’écriture et de discours. Ces activités l’entrainant hors de la ville, elle échappe à la répression de la Semaine sanglante (21 au 28 mai 1871) lorsque la révolution est violemment écrasée par le gouvernement d’Adolphe Thiers. Cachée dans une locomotive selon la légende, elle rejoint alors la Suisse et est condamnée par contumace à la déportation à vie en Nouvelle-Calédonie. Entre 1871 et 1880, elle vit très pauvrement en Suisse romande, notamment à Genève, survivant grâce à des travaux d’aiguille et des leçons particulières tout en écrivant pour des journaux.
Amnistiée en 1880, Paule Minck retourne en France et poursuit son travail de propagation des idées socialistes et féministes notamment par l’intermédiaire du journal Le socialiste des Pyrénées-Orientales qu’elle a créé et dont elle est la rédactrice en cheffe. Elle participe aux congrès du Parti ouvrier français où elle milite pour un égal accès à l’instruction. En 1893, elle se porte candidate aux élections municipales à Paris au sein du groupe féministe La solidarité des femmes, une candidature toute symbolique, les femmes ne possédant pas de droits politiques. À la fin de sa vie, elle rejoint le Comité révolutionnaire central, un parti qui promeut l’activisme révolutionnaire. Enterrée le 1er mai 1901 lors de la journée internationale des travailleurs, une foule immense assiste à la cérémonie au cimetière du Père-Lachaise. Étroitement surveillé, cet évènement donne lieu à de nombreuses confrontations avec des policiers et soldats venus en masse.
Souvent caractérisée par son indépendance doctrinale, Paule Minck mêle un anarchisme antiautoritaire et antiétatique à un humanitarisme fondé sur le constat de l’appauvrissement des ouvrier.ère.s dans le sillage de la révolution industrielle. Elle souhaite avant tout l’unification d’un socialisme prêt à se servir de la force pour déclencher la révolution. Son féminisme est dans un premier temps subordonné à son socialisme. Comme tant d’autres, elle estime alors que seules des transformations radicales de la société libéreront les femmes. Cependant, dans ses dernières prises de position, elle se rallie à l’idée que des droits civils et politiques utiles pour les femmes pourraient être obtenus à l’intérieur du système capitaliste.
Biographie : Laure Piguet
- « Pétard féminin », Le coup de feu, no 2, octobre 1885, p. 11-13.
- « La femme en Algérie », Le coup de feu, no 5, janvier 1886, p. 12-14.
- « Lever d’aurore », Le coup de feu, no 12, aout 1886, p. 4-6.
- « Les femmes en Algérie », Le coup de feu, no 14, octobre 1886, p. 14-17.
- « Misère ! », Le coup de feu, no 18, février 1887, p. 4-6.
- « La semaine terrible », signé Paul Mink, Le coup de feu, no 22, juin 1887, p. 7-9.
- Les mouches et les araignées. Le travail des femmes et autres textes, préface, notes et commentaires par Alain Dalotel, Paris, Syros, 1981.
- Gauthier, Xavière, « Minck [ou Mink] Paule », in Bard, Christine, Chaperon, Sylvie (dir.), Dictionnaire des féministes. France XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Presses universitaires de France, 2017, p. 998-1000.
- Maitron, Jean, Bianco, René, « Mink Paule [Minck Paule] », in Le maitron en ligne (https://maitron.fr/spip.php?article24873).
- Newhall, David S., « Mink, Paule (1839-1901) », in Commire, Anne, Klezmer, Deborah (éd.), Women in World History. A Biographical Encyclopedia, vol. 11 : Mek-N., Detroit, Waterford, Gale Groupe, Yorking Publication, 2001, p. 149-154.
- « Minck Paule », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Paule_Minck).