Noëlle ROGER

Noëlle ROGER

1874-1953, journaliste et écrivaine

Née le 25 septembre 1874 à Genève et décédée le 14 octobre 1953 dans cette même ville, Hélène Dufour est une journaliste et romancière, plus connue sous le pseudonyme de Noëlle Roger.

Fille de Fanny Bordier, de parcours inconnu, et de Théophile Dufour, archiviste d’État, juriste et historien, Hélène Dufour grandit dans une famille de la haute bourgeoisie genevoise. Dès son enfance, elle s’exerce à la peinture et à l’écriture, avant de se consacrer pleinement à cette seconde passion. En 1896, à l’âge de 22 ans, elle publie son premier roman, Larmes d’enfant, qu’elle signe du nom de Noëlle Roger. Ce nom d’emprunt est la composition du prénom inversé de son frère cadet Léon et du prénom de son ainé Roger. Elle suit également une formation en journalisme à Londres, ville qui lui inspire plusieurs récits, dont la nouvelle Le sculpteur de Christs en 1902 ou le roman Docteur Germaine en 1904. Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, Noëlle Roger s’engage en tant qu’infirmière dans un hôpital lyonnais, et c’est à partir de son quotidien et de la parole des blessés qu’elle rédige Les carnets d’une infirmière en 1915. La guerre lui inspire d’autres ouvrages, tels que Le nouveau déluge en 1922. Elle s’intéresse alors à un nouveau genre, celui de l’anticipation scientifique, avec la série Le nouvel Adam en 1924, Celui qui voit en 1926, Le soleil enseveli en 1928 et Le nouveau Lazare en 1935.

Noëlle Roger rédige également plusieurs récits de voyage à la suite d’expéditions menées dans les Balkans aux côtés de son mari, l’anthropologue Eugène Pittard. Suite à ces longs mois passés en Roumanie, en Albanie ou en Turquie, elle publie La route de l’Orient en 1914 ou encore En Asie Mineure. La Turquie du Ghazi en 1930. Après la défaite de l’Empire ottoman en 1918, elle participe au courant intellectuel européen qui salue les efforts de modernisation du régime kémaliste en Turquie, à l’instar du journaliste Jean Mélia ou du député français Édouard Herriot. Malgré un fort attachement à l’Europe du Sud-Est, ses écrits ne sont pas exempts de préjugés orientalistes, notamment à l’égard des Tziganes. En 1914, elle considère, à titre d’exemple, que les Tziganes des bourgades de Dobroudja « vivent au milieu de la civilisation comme des demi-sauvages irréductibles ».

Dans les années 1930, Noëlle Roger s’attèle aussi à l’écriture de biographies, celles de Jean-Jacques Rousseau, de Madame de Staël et d’Henry Dunant. Pour le poète Marcel Guinand, son travail permet d’ailleurs de faire connaitre l’auteur des Confessions mieux que les Confessions elles-mêmes.

En dehors de sa carrière littéraire, Noëlle Roger enseigne pendant près d’une trentaine d’années la littérature à l’École secondaire des jeunes filles. Elle devient aussi correspondante au Journal de Genève et tient un temps la chronique des expositions. Elle est également l’une des collaboratrices privilégiées de son mari : elle vulgarise, dans ses récits, plusieurs de ses propos en préhistoire et participe à la vitalité de son réseau scientifique international.

Noëlle Roger compte parmi les écrivaines reconnues du XXe siècle. Tout au long de sa carrière, elle s’essaye à différents styles – romans, nouvelles, comptes-rendus de voyages, biographies, pièces de théâtre et critiques d’art – et collabore avec des revues prestigieuses, telles que la Revue des deux mondes et l’Illustration. En 1948, elle reçoit la médaille de l’Académie pour la langue française, un prix annuel décerné à partir de 1914. Son ouvrage La route de l’Orient est réédité depuis 2018 par la maison londonienne Forgotten Books.


Biographie : Caroline Montebello

Œuvres (sélection)
  • Docteur Germaine, Lausanne, Payot, 1908 [1904].
  • La route de l’Orient, Paris, Perrin, 1914.
  • Les carnets d’une infirmière, Paris, Neuchâtel, Attinger frères, 1915.
  • Le nouvel Adam, Paris, A. Michel, 1924.
  • Le soleil enseveli, Paris, Calmann-Lévy, 1928.
  • En Asie Mineure. La Turquie du Ghazi, Paris, Fasquelle, 1930.
  • Jean-Jacques, le promeneur solitaire, Paris, Flammarion, 1933.
Bibliographie
  • « Les 70 ans de Mme Noëlle Roger », Journal de Genève, 26 septembre 1944, p. 4.
  • Chaponnière, Paul, « Mort de Noëlle Roger », Journal de Genève, 15 octobre 1953, p. 1.
  • « À l’Institut national genevois, un bel hommage à Noëlle Roger », Journal de Genève, 3 décembre 1953, p. 6.
  • Description des « Papiers Noëlle Roger (1881-1952) », in CH BGE Ms. fr. 6161-6272, Bibliothèque de Genève (http://w3public.ville-ge.ch/bge/odyssee.nsf/Attachments/roger_noelleframeset.htm/$file/roger_noelle.pdf).
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

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Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles