Nelly SCHREIBER-FAVRE
Bulletin de l'Association genevoise de femmes diplomées des universités, décembre 2013

Nelly SCHREIBER-FAVRE

1879-1972, avocate

Née le 31 octobre 1879 à Genève et décédée le 5 mai 1972 dans cette même ville, Nelly Schreiber-Favre est une avocate spécialiste en droit de la famille et des successions.

Issue de l’union de Louis Auguste Favre-Brandt, marchand horloger, et de Mélanie Mathilde Guinand, tenancière d’une pension de famille, Nelly Favre est la cadette de quatre enfants. Elle entame des études de droit dès 1899. Seule femme inscrite à la Faculté de droit de l’Université de Genève, elle se retrouve confrontée à la réticence, voire à l’hostilité de certains de ses professeurs. Elle obtient sa licence en juillet 1903, mais ne peut pas être admise au barreau. Le doyen de la Faculté de droit, Alfred Martin, la soutient et demande un changement de la loi pour lui permettre d’exercer. Suite à cette lettre, un amendement est voté par le Grand Conseil le 20 octobre 1903 qui autorise les femmes à exercer la profession d’avocate.

À ses débuts, la carrière juridique reste très difficile pour les femmes. Dans les faits, leurs homologues masculins dominent le marché et les préjugés concernant la capacité des femmes à exercer, surtout le droit commercial, restent très forts. Témoignant en outre d’une inégalité en droit persistante, elles ne peuvent accéder ni au poste de magistrat ni à celui de notaire. Devenue la première avocate assermentée de Genève en 1906, Nelly Favre marque alors l’histoire de la ville. Elle défend principalement une clientèle féminine ou jeune sur des questions de droit de la famille et des successions. Rencontrant un grand succès, elle innove en outre dans le domaine judiciaire. Elle est, par exemple, l’une des premières à réclamer la création d’un tribunal pour jeunes délinquant.e.s afin que ces dernier.ère.s ne soient plus jugé.e.s comme des adultes.

Devenue Nelly Schreiber-Favre depuis son mariage en 1912, elle donne des cours de droit à l’École ménagère professionnelle et à l’École de commerce de jeunes filles de 1911 à 1940. Membre fondatrice de l’École sociale pour les femmes en 1918, elle est en outre rédactrice de plusieurs articles juridiques parus dans la presse féministe concernant la criminalité des jeunes et le divorce. Politiquement engagée, elle lutte pour l’obtention du droit de vote pour les femmes par le biais de conférences. Elle est en outre cofondatrice et présidente de l’Association suisse des femmes universitaires, une association qui défend les intérêts professionnels des femmes diplômées à travers un intense travail de communication. Finalement, elle est vice-présidente de la Fédération internationale des femmes diplômées des universités entre 1926 et 1932. Dans le cadre de cette fonction, elle travaille notamment au sein du comité consultatif féminin du Conseil de la Société des Nations sur la question de l’égalité des droits en matière de nationalité.


Biographie : Ekreme Qazimi

Travaux (sélection)
  • « À propos d’un récent arrêt du Tribunal fédéral », Le mouvement féministe, vol. 23, no 457, 1935, p. 60.
  • « Les régimes matrimoniaux selon le Code civil suisse. Que deviennent les biens des époux d’après le Code civil suisse ? », Le mouvement féministe, vol. 10, no 139 et 140, 1922, p. 53-54 et p. 58-59.
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles