Monique BAUER-LAGIER

1922-2006, conseillère nationale et conseillère aux États

Née le 1er décembre 1922 à Meyrin et décédée le 19 février 2006 à Onex, en Suisse, Monique Bauer-Lagier est une enseignante et politicienne, membre du Parti libéral.

Monique Lagier grandit dans une famille d’instituteur.rice.s libéraux.ales. Après l’obtention de sa maturité latine en 1941, ses parents – qui privilégient l’éducation et la carrière des fils de la fratrie – ne lui permettent pas de s’inscrire à la Faculté des lettres ou à celle de médecine, comme elle l’aurait souhaité. Elle se tourne alors vers des études de pédagogie à l’Institut des sciences de l’éducation de Genève. En 1944, elle est nommée institutrice – jusqu’à sa démission en 1954 – et enseigne en école primaire. Quand son mari, Paul Bauer, est nommé chef de clinique à l’Hôpital cantonal, elle met un terme à sa carrière pour s’occuper de leurs trois filles et du foyer.

Dans les années 1960, Monique Bauer-Lagier connait ses premiers engagements publics à Onex, un village qui entame une intense période d’urbanisation, marquée par la construction de logements HLM. Elle participe ainsi à l’accueil des arrivant.es et à l’organisation de cantines et de crèches dans cette nouvelle banlieue de la ville de Genève, peuplée d’une dizaine de milliers d’habitant.e.s. Elle se définit alors comme libérale et s’investit dans le parti éponyme. Selon ses mots, ce courant ne doit pas se réduire à une doctrine économique et met « en valeur l’individu, sa liberté et sa responsabilité ». Malgré son adhésion à l’économie de marché, elle défend des positions marginales au sein du parti – elle milite en faveur de l’écologie politique, de la réduction des inégalités sociales et des droits de femmes – et se classe sur son aile gauche.

En 1973, Monique Bauer-Lagier est élue au Grand Conseil de Genève (1973-1977) et l’une de ses premières motions vise à valoriser la récupération du papier et du verre. Deux ans plus tard, elle entre également au Conseil national (1975-1979) et s’engage pour faire reconnaitre l’égalité entre les femmes et les hommes à l’échelle de la Confédération. Elle prend notamment part à la Commission pour le nouveau droit matrimonial ainsi qu’à celle qui permettra en 1981 l’inscription de l’égalité des droits entre les sexes dans la Constitution. En 1979, le Parti libéral cherche à l’évincer car ses prises de position sont jugées trop à gauche ; mais elle parvient, à l’issue de son mandat au Conseil national, à être élue au Conseil des États (1979-1987). Trois ans plus tard, elle souligne « le climat de paternalisme qui règne dans la vie politique » : les femmes « [d]éjà minoritaires dans les structures politiques […] sont encore minorisées, souvent au sein de leur parti » et « si elles tentent de rester elles-mêmes : on dira qu’elles ‘font du sentiment’, qu’elles sont passionnées, qu’elles manquent de réalisme ou de sens politique ». Au cours de cette période, Monique Bauer-Lagier refuse un poste dans le conseil d’administration d’une grande banque, afin, selon ses dires, de maintenir son autonomie et sa liberté d’action. En 1987, elle démissionne du Parti libéral et se présente en indépendante pour un troisième mandat au Conseil des États avec le soutien des écologistes. Cette nouvelle candidature se solde néanmoins par un échec.

Monique Bauer-Lagier préside également des associations telles que le Pain pour le prochain, l’Aide suisse contre le sida, l’Institut international de recherches pour la paix de Genève ou encore l’organisation Nord-Sud. Amatrice de littérature, elle maitrise quatre langues et a notamment suivi des cours de philosophie et de littérature à l’Université de Genève. Elle rédige, par ailleurs, ses mémoires où elle aborde son parcours en politique. Elle y traite, entre autres, différents aspects de la reconnaissance et de la place des femmes dans la sphère publique.


Biographie : Jéromine Roth et Caroline Montebello

Travaux
  • « Quelques réflexions sur l’aménagement du territoire tel qu’il a été pratiqué ces dernières décennies et perspectives d’avenir », in Construction sous contrôle ? Faut-il renforcer ou alléger l’aménagement pour mieux gérer les zones à bâtir ? Journées romandes de l’aménagement du territoire, Lausanne, les 10 et 11 novembre 1988, Lausanne, Presses polytechniques romandes, 1989, p. 193-196.
  • Une femme en politique. Mémoires d’une conseillère aux États de Genève, Genève, Labor et Fides, 1996.
Sources
  • « Au Conseil d’Etat », Journal de Genève, 21 et 22 octobre 1944, p. 5.
  • « Au Conseil d’Etat », Journal de Genève, 22 juillet 1954, p. 5.
  • Thévoz, Jacqueline, « Monique Bauer-Lagier », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 66, no 1, 1978, p. 8.
  • Chaponnière, Corinne, « Monique Bauer Lagier : ‘Les politiciennes n’ont rien à perdre ni rien à gagner’ », Femmes suisses et le mouvement féministe, vol. 70, no 8-9, 1982, p. 5 et 18.
  • « Les quatre candidats au Conseil des États. Monique Bauer-Lagier, libérale », Journal de Genève, 8 et 9 octobre 1983, p. 28.
  • « Monique Bauer-Lagier, indépendante. Une Jeanne d’Arc incomprise », Journal de Genève, 5 octobre 1987, p. 18.
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles