Mina AUDEMARS

1883-1971, pédagogue

L'ancienne Rue de la Vallée porte aujourd'hui son nom

Née le 17 janvier 1883 à Genève et décédée le 11 mars 1971 dans cette même ville, Mina Audemars est une pédagogue reconnue. Avec Louise Lafendel, sa collaboratrice et grande amie, elles sont, pendant trente ans, directrices de la Maison des petits, une école enfantine à la renommée internationale qui forme aussi des éducatrices.

Mina Audemars est fille d’un horloger genevois et d’une mère de parcours inconnu. Elle étudie à l’École supérieure de jeunes filles de Genève (aujourd’hui Collège Voltaire), dans le but de devenir enseignante. Elle termine sa formation à Londres où elle s’initie aux méthodes d’éducation innovantes de l’époque, comme les méthodes frœbéliennes – à l’origine du concept des jardins d’enfants – et Montessori – qui base l’apprentissage sur l’accompagnement du développement naturel de l’enfant. En 1908, Mina Audemars commence sa carrière comme institutrice stagiaire à l’École enfantine de Malagnou, où elle rencontre Louise Lafendel, de onze ans son ainée. Rapidement, les deux femmes collaborent étroitement. Dès 1913, elles éditent ensemble un premier ouvrage avec pour thème le dessin des jeunes enfants. S’ensuivent de nombreuses publications et conférences communes.

En 1913, sous l’impulsion d’Hélène Antipoff, Marguerite Eugster et Marguerite Gagnebin nait la Maison des petits, en référence à la Casa dei Bambini de Maria Montessori, sous l’égide de l’Institut Jean-Jacques Rousseau. En tant que centre de formation, l’institution entend « guider dans leurs études théoriques et pratiques celles de nos élèves qui aspirent à se vouer spécialement à l’éducation des tout-petits ». Mina Audemars en reprend la direction dès 1914, elle est rejointe par Louise Lafendel l’année suivante. Ensemble, elles développent l’école. L’institution déménage de nombreuses fois : rue de l’Hôtel-de-Ville, chemin Sautter, avenue de Champel et même le Palais Wilson, alors vide. D’abord plutôt petite, elle réunit bientôt une cinquantaine d’enfants et devient publique en 1922.

Mina Audemars et Louise Lafendel se consacrent à la question de l’éducation des plus jeunes. Elles développent une pédagogie spécifique inspirée par d’autres (Édouard Claparède, qui leur apporte son soutien, Maria Montessori ou encore Ovide Decroly) et aussi à partir de leurs recherches et observations communes. Leurs idées suivent la devise « par l’activité manuelle à l’activité mentale ». Par exemple, leur méthode didactique pour les mathématiques, appelée « soixante-six blocs », repose sur le jeu éducatif. Son but est de stimuler l’enfant par la découverte.

La Maison des petits forme aussi de nombreuses institutrices. Leur formation commence par l’observation. Elles prennent ensuite la responsabilité d’un groupe d’enfants, étudient une difficulté particulière, comme la lecture, et préparent le matériel d’enseignement. Elles ont notamment à leur disposition une bibliothèque avec des ouvrages scientifiques de référence ; leurs conclusions débouchent parfois sur des travaux de recherche.

Grâce à ces deux pédagogues, le travail innovant accompli à la Maison des petits de Genève est reconnu au-delà des frontières suisses. Mina Audemars est aussi chargée de cours à l’Institut des sciences de l’éducation jusqu’en 1947. En 1945, la direction de la Maison des petits est reprise par Germaine Duparc, leur ancienne étudiante. La disparition de Mina Audemars en 1971, à 88 ans, est suivie, deux jours plus tard, par celle de Louise Lafendel. En signe de reconnaissance, un réseau Maison des petits, qui s’inspire de leurs méthodes, existe depuis 2009 et compte de nombreuses écoles genevoises, dont celle de la Roseraie. Les tombes de Mina Audemars et de Louise Lafendel se trouvent au cimetière des Rois.


Biographie : Myriam Piguet

Travaux
  • Avec Louise Lafendel, Dessin pour les petits, Lausanne, Payot, 1913.
  • La Maison des petits de l’Institut J. J. Rousseau, Neuchâtel, Paris, Delachaux & Niestlé, 1923.
Sources
Bibliographie
  • Berlinger Konqui, Marianne, « Mina Audemars », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F9001.php).
  • Ruchat, Martine, « Louise Lafendel & Mina Audemars », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 213-214.
  • « Centenaire de l’institut Jean-Jacques Rousseau FPSE : Mina Audemars (1883-1971) », in Site de l’Université de Genève (www.unige.ch/fapse/centenaire/personnes.html).
  • « Mina Audemars », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Mina_Audemars).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles