Michelle NICOD

~1519-1618, libraire-imprimeuse

Née vers 1519 à Cumigny en France et décédée le 3 janvier 1618 à Genève, Michelle Nicod est libraire, éditrice et imprimeuse.

Le parcours de Michelle Nicod jusqu’en 1556 reste, à ce jour, inconnu. Réfugiée ayant fui les persécutions religieuses qui frappent les protestant.e.s en France, elle se marie à Genève en 1556 avec le libraire dijonnais Jean Durant, lui-même réfugié, et travaille avec lui. Dans un premier temps, leurs affaires rencontrent des difficultés. Jean Durant est en effet jugé à plusieurs reprises pour avoir commercialisé des livres mal imprimés. Malgré cela, il obtient peu à peu la reconnaissance de son milieu.

Michelle Nicod le remplace pendant ses nombreux et longs voyages et devient mère plusieurs fois. En 1588, peu après le décès de son mari, elle reprend la boutique et élargit graduellement son activité, qui devient alors florissante. Elle édite des livres de toutes sortes : œuvres poétiques, ouvrages de remèdes médicinaux, manuels scolaires ou encore les Psaumes, sous le nom de « veuve Durant », puis sous son propre nom à partir de 1593. En plus de ses fonctions de libraire et d’éditrice à Genève, elle possède un atelier de reliure et une imprimerie, ainsi que des boutiques à Lausanne et à Neuchâtel. De ce fait, dans ses affaires, elle gère la production des livres de la typographie jusqu’à la vente. Remariée avec le notaire Olivier Dagonneau en 1592, elle ne modifie pas sa marque éditoriale et continue à gérer ses activités commerciales de façon indépendante. La présence de son époux n’est visible que dans ses contrats qu’elle ne peut légalement pas conclure sans lui.

En 1599, 1609 et 1617, Michelle Nicod reçoit du Petit Conseil le mandat d’imprimer les Ordonnances de la cité de Genève. Obtenir à plusieurs reprises ce privilège officiel de la part de la République est la preuve non seulement d’une excellente réputation dans son milieu, mais également d’une bonne insertion dans la sphère politique et sociale. La présence actuelle de ses éditions dans les bibliothèques de Toulouse, Grenoble ou Avignon témoigne par ailleurs de l’ampleur de la circulation de ses livres. Elle est en outre l’un des rares exemples de femmes de son époque travaillant de façon autonome dans le marché du livre. En effet, la plupart des imprimeuses de cette époque doivent, pour des raisons sociales, se contenter de reprendre un temps le commerce de leur défunt mari avant de le transmettre à un fils ou à un gendre.

Au cours de ces années de succès commerciaux, des désaccords surviennent avec sa fille, Debora Durant, sur des questions patrimoniales. Cette mésentente les mène à un long procès qui fait sensation à Genève. En 1598, la Compagnie des pasteurs discute d’une intervention de médiation par le Consistoire afin de mettre fin à ce conflit familial jugé scandaleux. Debora Durant sera néanmoins déshéritée en 1609. L’année suivante, Michelle Nicod se retrouve également en conflit avec l’Hôpital. S’y étant rendue tout d’abord comme pensionnaire, en raison de son âge, elle retourne très vite chez elle et décide de se remettre à ses affaires. L’Hôpital retient alors certains de ses biens en gage pour des frais non payés, ce qui l’incite d’autant plus à travailler pour rembourser ses dettes. Les sources montrent qu’elle poursuit ses activités de libraire dans sa boutique située à côté de sa demeure à la place de la Madeleine, jusqu’à sa mort en 1618. Elle est alors presque centenaire.


Biographie : Nikita Schweizer, Anne-Lydie Dubois et Daniela Solfaroli Camillocci

Bibliographie
  • Gilmont, Jean-François, « Durant, Michelle Nicod, veuve de Jean », in R.I.E.C.H (https://db-prod-bcul.unil.ch/riech/intro.php).
  • Gilmont, Jean-François, « Durant, Jean », in R.I.E.C.H (https://db-prod-bcul.unil.ch/riech/intro.php).
  • Lescaze, Bernard, « Michelle Nicod », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 48-49.
  • Mottu-Weber, Liliane, « Les femmes dans la vie économique de Genève, XVIe-XVIIe siècles », Bulletin de la Société d’histoire et d’archéologie de Genève, no 16, 1979, p. 381-401.
  • Mottu-Weber, Liliane, « Michelle Nicod », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F29278.php).
  • « Michelle Nicod », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Michelle_Nicod).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles