Marjorie DUVILLARD
1911-2004, infirmière et directrice de l’école d’infirmières de Genève
Née le 14 février 1911 à Gualeguaychú en Argentine et décédée le 4 décembre 2004 à Genève, Marjorie Duvillard est infirmière et directrice de l’école Le Bon secours.
Marjorie Duvillard est la fille d’une mère écossaise, Kathleen Stott, et d’un père suisse, Gustave Duvillard. Elle passe son enfance en Argentine, puis s’installe dans la Confédération helvétique afin d’y entamer ses études secondaires. Elle les termine en 1929 à Vevey. Peu sure de son avenir professionnel, elle intègre finalement l’école d’infirmières Le Bon secours à Genève, créée en 1905 par Marguerite Champendal, où elle étudie de 1933 à 1939.
En 1940, après une série de voyages en Amérique latine, Marjorie Duvillard est contactée par Renée Girod alors présidente de l’Union internationale de secours aux enfants (UISE), qui fut créée en 1920 sous le patronage du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Renée Girod lui propose de représenter l’Union lors de la Conférence panaméricaine de la Croix-Rouge à Santiago du Chili en décembre 1940, mission qu’elle accepte. C’est alors le premier pas de sa carrière internationale et, en acceptant ensuite d’occuper bénévolement le poste de déléguée générale de l’UISE pour l’Amérique latine, elle s’engage de façon durable dans le domaine de l’aide humanitaire internationale. Son investissement dans sa mission de secours aux enfants au sein de l’Union dure trois ans, de 1940 à 1943.
Avec le soutien d’Yvonne Hentsch, elle-même infirmière et personnalité de premier plan à la Croix-Rouge internationale, Marjorie Duvillard peut y entrer en tant que déléguée pour l’Amérique latine du Bureau des infirmières de la Ligue des sociétés. Durant quatre ans, elle œuvre ainsi au développement des soins infirmiers au sein de chaque Société nationale de la Croix-Rouge, en matière de techniques médicales, paramédicales et de formation. En 1962, elle est nommée au CICR où elle siège jusqu’en 1967 et est, par ailleurs, l’une des rares femmes à y avoir été nommées au cours du XXe siècle. De 1969 à 1970, elle sera directrice exécutive du Conseil international des infirmières.
Outre sa carrière internationale, Marjorie Duvillard se consacre également à l’amélioration de la formation suisse en soins infirmiers. En 1946, elle accepte de diriger l’école Le Bon secours (actuelle Haute école de santé de Genève), où elle a elle-même été formée, et qui connait alors d’importantes difficultés financières. Marjorie Duvillard parvient à obtenir un soutien de la Fondation Rockefeller, qui accepte de le lui accorder à la condition que les formations dispensées au sein de l’établissement se rapprochent d’un enseignement de type universitaire – souhait qu’elle partage. Elle mène ce projet de rapprochement entre Le Bon secours et l’université et est directrice de l’établissement jusqu’en 1968.
Plus largement, Marjorie Duvillard tient un rôle central dans le développement des programmes de formation continue en soins infirmiers. Aucun programme de ce type n’existait en Suisse jusqu’en 1975. Dès 1972, elle s’attèle ainsi à la création d’un programme continu de formation « post-diplôme ». Elle tient également un véritable rôle d’avant-garde dans le développement de programmes de recherche en soins infirmiers non seulement au Bon secours, mais également au niveau national.
Elle consacre le restant de sa carrière à la formation, tout en étant parallèlement consultante auprès de l’Organisation mondiale pour la santé.
Biographie : Flore Vanackère
- Carvalho de Azevedo, Juliana Marisa, L’Union internationale de secours aux enfants et sa délégation générale en Amérique latine, Mémoire de master, Genève, Université de Genève, 2017, p. 30-51.
- Poisson, Michel, « Infirmières, enseignantes et pionnières : le personnel infirmier dirigeant et enseignant permanent à l’ouverture de l’Ecole internationale d’enseignement infirmier supérieur à Lyon en 1965 », Recherche en soins infirmiers, vol. 109, no 2, 2012, p. 69-92.
- Poisson, Michel, L’École internationale d’enseignement infirmier supérieur (Lyon, 1965-1995). Fabrique d’une élite et creuset pour l’émancipation des infirmières françaises du XXe siècle, Thèse de doctorat, Université Le Havre Normandie, 2018, p. 232-341.