Marie Paula LECOMPTE
L'Illustration, 17 mars 1883

Marie Paula LECOMPTE

dite Minnie, vers 1850- ?, journaliste

Née peut-être vers 1850 au Canada, Marie Paula Lecompte, dite Minnie, est une journaliste et militante anarchiste sur qui peu d’informations ont été retrouvées.

Marie Paula Lecompte laisse une première trace lors d’un discours d’opposition aux chefs d’entreprise donné le 10 juillet 1879 en soutien à une grève de tisseur.euse.s à Fall River dans le Massachusetts. Alors qualifiée de « socialiste de New York », elle est, suivant les sources, journaliste ou éditrice associée du Labor Standard, organe socialiste de la même ville. En 1881, elle est déléguée au Congrès international anarchiste de Londres par les Boston Revolutionists, l’un des premiers groupes états-uniens à adhérer à l’anarchisme. Elle y présente un rapport sur la situation du monde du travail et des milieux ouvriers aux États-Unis concluant qu’il manque aux luttes sociales de ce pays des groupes insurrectionnels puissants, mais que la révolution y est possible. Elle est alors interrompue, comme souvent lorsqu’une femme prend la parole en public, son discours « port[ant] sur les nerfs des délégués ». Installée à Londres, elle donne des conférences au Stratford Dialectical and Radical Club, l’une des premières associations ouvertement socialistes de Londres. Ses activités de propagande ne se limitent pas à l’oral. Elle traduit, par exemple, Dieu et l’État de Mikhaïl Bakounine, ainsi qu’Aux jeunes gens de Piotr Kropotkine, publiés en feuilleton aux États-Unis entre 1883 et 1884.

Le 9 mars 1883, Marie Paula Lecompte participe à la manifestation des sans-travail aux Invalides à Paris. Elle raconte s’être trouvée aux côtés de Louise Michel lorsque celle-ci brandit un jupon en guise de drapeau noir, moment resté dans les mémoires, car il s’agit de l’une des premières apparitions publiques de ce symbole anarchiste. Blessée lors de la manifestation et probablement recherchée par la police, elle se réfugie en Suisse. À Genève, elle s’installe au numéro 15 de la rue des Corps-Saints. Elle travaille alors à l’Imprimerie jurassienne, une imprimerie installée au numéro 24 de la rue des Grottes qui publie des journaux anarchistes (entre autres : Le révolté, Ni dieu ni maître ou La critique sociale). À la fin de l’année 1884, elle se rend à Marseille afin d’œuvrer au rapprochement d’anarchistes provenant de différentes régions grâce à sa connaissance des langues. Elle est également membre de la rédaction de l’organe Le droit social. Suite à une perquisition à son domicile qui permet à la police de mettre la main sur de nombreux textes anarchistes, Marie Paula Lecompte séjourne en prison pour une durée inconnue. Entre 1885 et 1886, elle est également correspondante pour le journal anglais The Anarchist sous le pseudonyme de Berna Bakunin, il s’agit de sa dernière activité connue à ce jour.


Biographie : Laure Piguet

Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles