Marie-Louise MIGNOT

Marie-Louise MIGNOT

dite Madame Denis, 1712-1790, salonnière

Née le 12 février 1712 à Paris et décédée le 10 aout 1790 dans cette même ville, Marie-Louise Mignot est une salonnière et épistolière qui a participé à la gestion des affaires de l’écrivain et philosophe François-Marie Arouet, dit Voltaire, en tant que gouvernante et secrétaire.

Fille de Pierre-François Mignot, correcteur des comptes, et de Marguerite-Catherine Arouet, Marie-Louise Mignot est, par sa mère, la nièce de Voltaire qui devient son tuteur à la mort de son père. Indépendante d’esprit, elle choisit d’épouser, en 1738, Nicolas-Charles Denis, commissaire ordinaire des guerres, au détriment d’une alliance avantageuse désirée par son oncle. Elle est alors connue comme Madame Denis (nom qu’elle garde comme signature dans sa correspondance).

Veuve en 1744, Marie-Louise Mignot ouvre, après son deuil, un salon à la mode à Paris, fréquenté par des hôte.sse.s de marque, et c’est autour de 1745 que les rapports entre oncle et nièce évoluent pour devenir amoureux. Elle emménage chez Voltaire et sera sa compagne et complice jusqu’à sa mort, mais ne renoncera pas à son indépendance tant personnelle qu’affective, ce qui mènera parfois à des conflits et tensions. Quand Voltaire accepte l’invitation de Frédéric II de Prusse à Potsdam et Berlin, en juillet 1750, elle reste à Paris. En l’absence de son oncle, Marie-Louise Mignot gère une partie de ses affaires et s’emploie notamment à négocier au Théâtre-Français et à la cour. Alors qu’il se trouve à Colmar et est en difficulté – Voltaire se voit dans l’impossibilité de revenir dans la capitale –, elle décide de le rejoindre. Iels arrivent en Suisse le 12 décembre 1754, et résident d’abord à Prangins, avant de s’installer en mars de l’année suivante à la demeure Les Délices, à Genève, acquise par le biais d’un prête-nom. Le salon des Délices s’ouvre sur des soirées de bals, de jeux d’esprit, mais aussi en particulier de théâtre où hôte et hôtesse montent sur les planches, entrainant leurs invité.e.s à leur suite. Passionnée de théâtre, Marie-Louise Mignot est appréciée aussi bien pour sa récitation que pour ses talents de musicienne, excellant au clavecin. Partageant leur temps entre Genève et Lausanne, où le couple a également une propriété, iels mènent ainsi une vie mondaine, recevant beaucoup. Marie-Louise Mignot tient non seulement le rôle de gouvernante, administrant la maisonnée, mais aussi celui de secrétaire pour la correspondance.

Des tensions avec les autorités de Genève conduisent le couple à Ferney, seigneurie en pays de Gex, à partir d’octobre 1758. Une dispute éclate en 1768, menant au départ de Marie-Louise Mignot, qui ne revient qu’en 1769, à ses conditions. En 1778, le couple retourne à Paris, où Voltaire meurt en mai. Nommée légataire universelle de son oncle, elle vend ses papiers ainsi que sa bibliothèque à Catherine II de Russie et le domaine de Ferney au marquis de Villette. Faisant fi du scandale, elle se remarie en 1780 avec François Duvivier, commissaire des guerres de dix ans son cadet. Elle continue à mener une existence mondaine comme salonnière et garde sa passion pour le théâtre, encourageant certains auteurs débutants, restant à Paris jusqu’à son décès en aout 1790. Épistolière vivante et appréciée, plus de trois-cents lettres sont conservées de sa correspondance avec Voltaire.


Biographie : Jade Sercomanens

Sources
  • Voltaire, Lettres d’amour de Voltaire à sa nièce, éd. Theodore Besterman, Paris, Plon, 1957.
  • L’Affaire Paméla. Lettres de Monsieur de Voltaire à Madame Denis, de Berlin, éd. André Magnan, Paris, Paris-Méditerranée, 2004.
Bibliographie
  • errero, Monique, « Marie-Louise Denis », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 76-77.
  • Pascal, Jean-Noël, « Denis, Marie-Louise Mignot », in Krief, Huguette, André, Valérie (dir.), Dictionnaire des femmes des lumières, vol. 1 : A-K, Paris, Honoré Champion, 2015, p. 349-353.
  • « Marie-Louise Mignot », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Louise_Mignot).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles