Marie GOEGG-POUCHOULIN

1826-1899, militante féministe et fondatrice du Journal des femmes

Née le 24 mai 1826 à Genève et décédée le 24 mars 1899 dans cette même ville, Marie Goegg-Pouchoulin est une militante féministe reconnue pour son engagement en faveur des droits des femmes en Suisse et à l’international, notamment en tant que fondatrice du Journal des femmes.

Marie Pouchoulin grandit à Genève dans une famille descendante de huguenots français et acquise aux idées socialistes. Elle reçoit une éducation scolaire jusqu’au cycle élémentaire, avant de rejoindre l’atelier d’horlogerie de son père où elle commence à travailler à l’âge de 13 ans. Six ans plus tard, elle se marie avec Marc-Antoine Mercier, commerçant de profession, avec qui elle a un fils.

En 1848, Marie Mercier débute son engagement politique à la suite des différents mouvements révolutionnaires qui traversent l’Europe et ses empires. Elle adopte des convictions républicaines et sa famille accueille des réfugié.e.s politiques arrivé.e.s en Suisse. Parmi les personnages qui l’entourent se distingue Amand Goegg, ancien vice-président de l’Assemblée populaire de la République de Bade entre 1848 et 1849 et ministre des Finances du gouvernement provisoire. En raison de cette rencontre, Marie Mercier décide de se séparer de son mari et demande le divorce en 1850, mais n’en obtient pas immédiatement l’autorisation. Elle part alors pour Londres avec Amand Goegg et son fils en 1854. Trois ans plus tard, le couple Goegg-Pouchoulin peut finalement rentrer en Suisse et se marier. Iels ont ensemble deux enfants.

Le retour à Genève marque le début d’une vie politique et militante active pour Marie Goegg-Pouchoulin. Elle s’investit dans la création de la Ligue internationale de la paix et la liberté, dont son mari est élu vice-président lors du congrès de fondation à Genève en 1867. Un journal est associé à la ligue, Les États-Unis d’Europe, au sein duquel elle est membre du comité de rédaction. Le 24 février 1868, Marie Goegg-Pouchoulin fait un appel pour la création d’une Association internationale des femmes (AIF), qu’elle publie dans le journal le mois suivant. Il s’agit de la première initiative en faveur d’un mouvement associatif féministe en Suisse. Elle est rejointe par six autres femmes et l’AIF, en lien avec la ligue, est fondée le 28 juin 1868. Les actions de l’AIF se positionnent en faveur des droits des femmes et de « l’égalité dans le salaire, dans l’instruction, dans la famille et devant la loi ». En 1869, l’AIF crée sa propre revue, le Journal des femmes, qui est la première publication féministe en Suisse. Les femmes de l’AIF s’engagent également auprès de Josephine Butler qui lutte à cette époque en Angleterre contre la prostitution. Le 9 juin 1872, l’AIF prend un tournant international avec la création d’antennes de l’association dans différents pays, et devient plus connue sous le nom de Solidarité : association pour la défense des droits de la femme. Marie Goegg-Pouchoulin en est la présidente de 1875 à 1880. Solidarité est désormais indépendante de la ligue et travaille sur la question de l’émancipation des femmes. L’un des combats menés par l’antenne en Suisse fut de déposer une pétition auprès du Grand Conseil de Genève pour inscrire dans la réforme de la loi sur l’instruction publique l’accès des femmes à l’université. Le 19 octobre 1872, l’article 140 de la loi mentionne un accès à l’université pour les deux sexes.

Suite à la dissolution de Solidarité en 1880, Marie Goegg-Pouchoulin poursuit son engagement en publiant régulièrement dans différentes revues. Elle est élue membre de l’Union des femmes de Genève puis en devient la vice-présidente entre 1894 et 1898. Elle s’investit également dans l’organisation de la première édition du Congrès des intérêts féminins en 1896. Marie Goegg-Pouchoulin meurt à Genève en mars 1899, « convaincue que nous sortirons un jour victorieuses de notre lutte qui n’a d’autre but que d’assurer partout le règne de la justice, la liberté, l’instruction et le bonheur pour tout ce qui est un être humain ».


Biographie : Mathilde Sigalas

Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles