Marcelle BARD

Marcelle BARD

1903-1988, théologienne et pasteure

Née le 7 février 1903 à Genève et décédée le 4 juin 1988 dans cette même ville, Marcelle Bard est la première femme pasteure à Genève. Elle est consacrée au ministère pastoral dans l’Église protestante de Genève en 1929, après des études en théologie à l’université.

Marcelle Bard, dont le père est pasteur et professeur de théologie, développe très tôt sa vocation. Elle rejoint les bancs de la Faculté de théologie, où, depuis 1917, des femmes sont inscrites, mais elle est la première femme à obtenir un grade, le baccalauréat, en 1929. Elle explique elle-même que, du fait de la mort prématurée de son père, elle fut accueillie à la faculté plutôt comme la « fille du professeur Bard » que comme l’une des premières étudiantes en théologie. Dans la première moitié du XXe siècle, rares sont les femmes qui mènent des études de théologie et obtiennent un grade. En outre, l’Église protestante de Genève, manquant de force, avait déjà fondé en 1918 l’Institut des ministères féminins qui offrait sa propre formation pour préparer les femmes à un travail social et religieux dans les paroisses, officiellement reconnu, mais pas toujours rémunéré. En choisissant de se former et d’obtenir son grade à l’université, Marcelle Bard ouvre un autre chemin. Dès sa deuxième année, en 1926, elle brave la culture dominante et s’inscrit pour faire des remplacements de pasteurs, c’est-à-dire célébrer ponctuellement des cultes. Ses activités provoquent la mise en place, dans l’Église, d’une commission pour étudier la question du ministère pastoral des femmes. Les critères d’accès au pastorat sont revus dans la polémique et avec réserve.

Dans un premier temps, les autorités ecclésiales décident d’octroyer aux femmes un statut de « pasteur auxiliaire ». Marcelle Bard peut dès lors monter en chaire pour prêcher, acte d’autorité important dans le protestantisme, et administrer les sacrements (baptême et sainte cène), mais elle ne peut pas diriger de paroisse. L’ouverture du ministère pastoral aux femmes est appuyée par plusieurs féministes, notamment par Émilie Gourd, et l’on trouve une certaine affinité discrète entre les mouvements. En mai 1938, par exemple, Marcelle Bard préside un culte spécial lors de l’assemblée de l’Association suisse pour le suffrage féminin à Genève.

L’entrée dans la vie professionnelle de Marcelle Bard est aussi marquée par des évènements personnels, elle divorce en 1932, deux ans après son mariage, à une époque où le divorce des pasteurs posait souvent problème à l’Église protestante. Marcelle Bard est toutefois nommée adjointe à l’aumônerie de l’Hôpital de 1930 à 1969. Dès 1933, elle est aussi pasteure à mi-temps à la paroisse de la Servette, plus particulièrement à la Cité Vieusseux, un quartier alors principalement ouvrier, où elle œuvre auprès des personnes les plus pauvres. Marcelle Bard est admise en 1943 comme membre de plein droit de la Compagnie des pasteurs, l’organe réunissant tous les pasteurs de l’Église protestante de Genève. Durant toute sa carrière, elle reste l’une des seules femmes pasteures du canton, leur nombre n’augmentant qu’à partir des années 1970.


Biographie : Sarah Scholl et Lauriane Savoy

Travaux
  • Les églises indigènes et leur marche vers l’autonomie, Mémoire, Genève, Université de Genève, 1929.
Sources
  • « Grades et diplômes décernés par l’Université pendant l’année universitaire 1928-1929 », in CH UNIGE/aap/PU 59.
Bibliographie
  • Jakubec, Joel, « Marcelle Bard, Genève, 1903-1988 », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 245-246.
  • Fatio, Olivier, « Marcelle Bard », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F11030.php).
  • Savoy, Lauriane, Bien en chaire ? L’accès des femmes au ministère pastoral au sein de l’Église protestante de Genève, Mémoire de master, Genève, Université de Genève, 2015.
  • « Marcelle Bard », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcelle_Bard).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles