Maggy BREITTMAYER
Maggy BREITTMAYER vers 1900, photographie Lacombe et Arlaud.

Maggy BREITTMAYER

1888-1961, violoniste soliste

Née le 2 septembre 1888 à Genève et décédée le 6 mai 1961 dans cette même ville, Maggy Breittmayer est violoniste. Professeure au Conservatoire de musique de Genève, elle mène une carrière internationale de violoniste soliste qui est interrompue par la Première Guerre mondiale.

Fille d’Olga Amélie Soltermann, femme au foyer, et d’Henri Jean Breittmayer, juge assesseur et conseiller d’État, Maggy Breittmayer est l’élève d’Henri Marteau, un violoniste virtuose et compositeur français qui enseigne au Conservatoire de musique de Genève. En 1909, elle est l’une des rares femmes à obtenir une bourse de l’Association des musiciens suisses. Grâce à cette bourse, elle se rend à Berlin pour étudier auprès de Carl Flesch, un pédagogue réputé. En mémoire de ce séjour, un chemin de Berlin porte son nom (Maggy-Breittmayer-Pfad). Elle obtient ensuite sa virtuosité auprès d’Henri Marteau et devient professeure suppléante au Conservatoire de musique de Genève en 1911.

En 1909, Maggy Breittmayer entame sa carrière de soliste, une carrière très fermée aux femmes, à l’occasion d’un concert symphonique à Lausanne où, selon la presse, elle enflamme le public. Sa popularité en Suisse romande ne se dément pas, comme le montre cet extrait de la chronique musicale du Journal de Genève : « Nous avons plaisir à constater le succès obtenu par une jeune artiste genevoise, Mlle Maggy Breittmayer […]. La violoniste a beaucoup de tempérament et un jeu de chaleureuse énergie. Large et étoffée est la sonorité, et sure et précise la technique ».

Maggy Breittmayer se produit ensuite à Paris pour la saison musicale de 1911-1912, aux Pays-Bas en 1913, puis à Berlin en 1914. Son jeu, résolument moderne, se caractérise, selon les sources de l’époque, par sa sobriété ainsi que par sa recherche à la fois de la pureté sonore et du maintien d’un timbre chaleureux. Les choix des œuvres qu’elle interprète révèlent une attention et une ouverture aux nouveautés. Elle joue des compositions de Marguerite Roesgen-Champion et d’Émile Jaques-Dalcroze, délaissant des pièces connues qui lui auraient assuré un succès public facile. Sa carrière de soliste s’interrompt en 1914, peut-être parce qu’elle ne parvient pas à s’adapter aux transformations dans les représentations musicales qui suivent la fin du conflit : le passage du jeu en direct à l’enregistrement pour le gramophone. Elle poursuit l’enseignement du violon au Conservatoire, est membre fondatrice de l’Orchestre de la Suisse romande et, dans les années 1940, anime des émissions de radio autour du violon. Elle décède le 6 mai 1961.


Biographie : Laure Piguet

Sources
  • « Chronique musicale », Journal de Genève, 8 décembre 1909, p. 1.
Bibliographie
  • Minder-Jeanneret, Irène, Femmes musiciennes en Suisse romande. La musicienne professionnelle au tournant du siècle dans le miroir de la presse (1894-1914), Yens sur Morges, Cabédita, 1995.
  • Minder-Jeanneret, Irène, « Maggy Breittmayer », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 198-199.
  • Minder-Jeanneret, Irène, « Maggy Breittmayer », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F44305.php).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles