Madeleine BAROT
Source: museeprotestant.org

Madeleine BAROT

1909-1995, archiviste-bibliothécaire et résistante

Née le 4 juillet 1909 à Châteauroux en France et décédée le 28 décembre 1995 à Paris, Madeleine Barot est une résistante française, secrétaire générale de la Cimade (Comité inter-mouvements auprès des évacués).

Madeleine Barot grandit dans une famille de confession protestante. Elle est la fille de Marguerite Küss, militante féministe, et d’Alexandre Auguste Barot, normalien et professeur de lettres classiques. Entre 1927 et 1934, elle suit des études d’histoire à la Sorbonne et rejoint la « Fédé », la branche française de la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants. Une fois diplômée, elle travaille comme stagiaire à la bibliothèque nationale avant de devenir, en 1935, archiviste-bibliothécaire à l’École française de Rome. Après l’entrée en guerre de l’Italie en 1940, elle quitte son poste et retourne en France.

Marguerite Barot est alors nommée secrétaire générale de la Cimade. Créée un an plus tôt, cette association, qui réunit plusieurs mouvements de jeunesse protestants, vient en aide aux réfugié.e.s et aux déplacé.e.s de guerre, notamment lors de l’évacuation des populations d’Alsace-Lorraine. Dans l’exercice de ses fonctions, Madeleine Barot organise des actions humanitaires dans le cadre légal fixé par le régime de Vichy jusqu’en 1942. Elle multiplie les visites dans les camps d’internement et ouvre une antenne de la Cimade dans celui de Gurs en France, où sont enfermé.e.s des réfugié.e.s politiques, des Tziganes, des militant.e.s communistes et des intellectuel.le.s allemand.e.s. Ses équipier.ère.s tentent de lutter contre les pénuries, la sous-nutrition et le manque de suivi médical, mais aussi de faire sortir légalement des détenu.e.s juif.ve.s, dont des enfants et des adolescent.e.s.

Face à l’aggravation des persécutions antisémites en 1941, suivies des rafles de 1942, Madeleine Barot fait entrer les activités de la Cimade dans la clandestinité, autrement dit, dans la résistance. En 1941, elle participe, en collaboration avec des membres de l’Église réformée, à la rédaction des thèses de Pomeyrol, texte qui conteste le gouvernement de Vichy et le statut qu’il accorde à celles et ceux qu’il catégorise comme Juif.ve.s. Ces thèses marquent notamment « une protestation solennelle contre tout statut [les] rejetant […] hors des communautés humaines ». En 1942, Madelaine Barot crée des filières d’évasion vers la Suisse pour les Juif.ve.s menacé.e.s de déportation, qui restent actives jusqu’en 1944. Dans l’après-guerre, les actions de la Cimade se poursuivent : ainsi, lors de la guerre d’Algérie, une antenne est mise en place à Alger en 1958 sous son initiative, tandis qu’en métropole, l’association participe à l’accueil des immigré.e.s algérien.ne.s et des Harkis.

Madeleine Barot milite ensuite en faveur de l’amélioration de la condition féminine et de l’abolition de la torture. Entre 1953 et 1973, elle est directrice de deux départements du Conseil œcuménique des Églises (COE), qui est situé au Grand-Saconnex. Le premier porte sur « L’homme et la femme dans l’Église et la société » (1953-1967), thématique à laquelle elle consacre un ouvrage en 1964. Le second département concerne l’« Éducation au développement » (1968-1973). En 1968, elle s’emploie à nouveau à l’amélioration de la condition féminine dans les pays décolonisés à travers les travaux de la Société développement et paix (SDP) sous l’égide du COE. Elle devient, en 1980, vice-présidente de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT).

En 1988, la Faculté de théologie de Paris la nomme docteure honoris causa et le mémorial de Yad Vashem lui décerne, au nom de l’État israélien, le statut de « Juste parmi les nations », créé pour rendre hommage aux personnes ayant participé au sauvetage de Juif.ve.s pendant la guerre. Elle décède en 1995.


Biographie : Caroline Montebello

Travaux
  • Coopération entre hommes et femmes dans l’Église, la famille, la société, Genève, Conseil œcuménique des Églises, 1964.
  • Le mouvement œcuménique, Paris, Presses universitaires de France, 1967.
  • Itinéris, Itinéraires socialistes chrétiens, jalons sur le christianisme social hier et aujourd’hui, 1882-1982, Genève, Labor et Fides, 1983.
Bibliographie
  • Fivaz-Silbermann, Ruth, « Filières de passage de la France vers la Suisse », Revue d’histoire de la Shoah, vol. 203, no 2, 2015, p. 21-50.
  • Poujol, Jacques, Poujol, Geneviève, « Barot Madeleine », in Le maitron en ligne (https://maitron.fr/spip.php?article15742).
  • Vast, Cécile, « Madeleine Barot et la Cimade, ou l’impasse de la légalité : aide humanitaire, sauvetage et résistance (1940-1944) », in Madeleine Barot. Protestantisme, persécutions, œcuménisme. Actes du colloque de Châteauroux, Châteauroux, CREDI, 2011, p. 21-28.
  • « Madeleine Barot », in Cabanel, Patrick, Encrevé, André (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Paris, Les Éditions de Paris, Max Chaleil, 2015, p. 166-168.
  • « Madeleine Barot », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Madeleine_Barot).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles