Louisa VUILLE
Source/Destin et volonté, Louisa Vuille

Louisa VUILLE

1901-1994, ouvrière horlogère et syndicaliste

Née le 21 avril 1901 à Villeret en Suisse et décédée en novembre 1994 à Genève, Louisa Vuille est une ouvrière horlogère, syndicaliste, membre fondatrice du Parti du travail (PdT) et députée du même parti au Grand Conseil de Genève entre 1961 et 1969.

Issue de l’union d’une femme au foyer, devenue vendeuse et d’un artisan horloger, boulanger et militant socialiste, Louisa Vuille entre à l’École d’horlogerie de La Chaux-de-Fonds et adhère à la Jeunesse socialiste en 1916. Elle obtient son diplôme de régleuse en 1918, une spécialisation alors réservée aux femmes. En mars 1918, elle s’installe avec sa famille à Genève. Elle travaille alors comme régleuse-retoucheuse pour une entreprise horlogère dans l’atelier de leur appartement de Chêne-Bourg. En 1919, elle s’inscrit à la Fédération des ouvriers sur métaux et horlogers (FOMH), un syndicat ouvrier.

Embauchée chez Rolex, dans la fabrique du passage du Terraillet en 1929, Louisa Vuille est, sur sa demande, à mi-temps depuis 1934. Les conditions de travail étant mauvaises et le salaire attribué aux femmes ridicule, en tant que tel et par rapport à celui touché par les hommes, elle estime que cela ne vaut pas la peine de travailler plus. Sur sa requête, un inspecteur du travail visite l’usine, ce qui lui vaut un retour à plein temps punitif. Elle donne alors sa démission et trouve de l’embauche, à mi-temps, à la fabrique Niton. Membre de la section féminine du Parti socialiste genevois depuis 1933 ou 1939 suivant les sources, Louisa Vuille adhère en outre au Comité des femmes contre la guerre et contre le fascisme. Séparée de son mari, elle emménage à Annemasse en 1941, où elle est active au sein de la Résistance française. De retour à Genève en 1943, elle s’installe rue Prévost-Martin et travaille à nouveau chez Niton, puis, successivement chez Reuge et chez Chatelain, un petit comptoir horloger où elle obtient la responsabilité de l’atelier.

Louisa Vuille est l’une des membres fondatrices du PdT, créé en 1944 notamment par la fusion de partis communistes avec des socialistes de gauche et la Fédération socialiste suisse. Très active après la Seconde Guerre mondiale, notamment auprès du Mouvement suisse de la paix, elle donne, en 1946, son premier discours sur la plaine de Plainpalais dans le cadre de l’une des nombreuses campagnes pour le suffrage féminin. En 1947, elle est élue à la présidence du groupe horloger de la FOMH, où elle œuvre, entre autres, pour l’égalité salariale et la revalorisation du travail des femmes. Elle raconte y avoir subi beaucoup de sexisme. Elle est démissionnée de son poste en 1952 à cause de son engagement communiste devenu, dans le contexte de la guerre froide, une tare.

En 1961, première année où les femmes genevoises peuvent voter et sont éligibles au niveau cantonal, Louisa Vuille se présente comme candidate du PdT aux élections au Grand Conseil. Élue, elle siège jusqu’en 1969, s’occupant prioritairement des conditions de travail des apprenti.e.s et des jeunes ainsi que de l’amélioration générale des conditions salariales. Installée au Lignon à la fin des années 1960, elle est membre de la chorale de la cité et se consacre aux personnes âgées, présidant notamment la Fédération des clubs d’aînés du canton de Genève. En 1971, elle est candidate du PdT au Conseil municipal de Vernier. Élue, elle y siège jusqu’en 1978 et en est la présidente en 1975. Elle décède en novembre 1994.


Biographie : Laure Piguet

Source
Bibliographie
  • Pousaz, Danielle, Ducrot, Jean-Marc, Renier, Jacky, Destin et volonté. Louisa Vuille, Genève, Coopérative d’imprimerie du Pré-Jérôme, 1984.
  • Ruber, André, « Louisa Vuille », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 265.
  • Studer, Brigitte, « Parti du travail (PdT) », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F17401.php).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles