Lise GIRARDIN
Photo: Max Vaterlaus

Lise GIRARDIN

1921-2010, maire de Genève

L'ancienne Place des 22 Cantons porte aujourd'hui son nom

Née le 15 février 1921 à Genève et décédée le 16 octobre 2010 dans cette même ville, Lise Girardin, professeure de français de formation, est une politicienne du Parti radical-démocratique. Maire de Genève en 1968, 1972 et 1975, elle est la première femme en Suisse à occuper cette fonction. De 1971 à 1979, elle est aussi la première femme élue au Conseil des États.

Fille d’Alice Béranger, de parcours inconnu, et d’Ernest Baud, professeur de mathématiques, Lise Girardin est diplômée ès lettres de l’Université de Genève. Elle est mère d’un enfant et mariée avec Pierre Girardin, lui aussi professeur de mathématiques.

Lise Girardin commence sa carrière comme enseignante de français à l’Université de Genève ainsi qu’auprès d’élèves étranger.ère.s. En 1959, elle devient juge assesseure suppléante au Tribunal de police de Genève. Puis, en 1961, elle est élue au Grand Conseil genevois sous l’égide du Parti radical-démocratique. C’est la première fois que les femmes ont accès à l’éligibilité dans le canton de Genève. Elle devient ensuite la première femme membre du Conseil administratif de la ville de Genève, en charge du Département de la culture et des beaux-arts. En 1968, elle est la première femme maire, pas seulement à Genève, mais dans toute la Suisse, et obtient deux autres mandats en 1972 et 1975. En 1971, Lise Girardin est également élue au Conseil des États, l’organe législatif du pays au niveau fédéral, où elle exerce jusqu’en 1979. C’est aussi la première femme en Suisse à accéder à cette position.

Lise Girardin est interviewée en 1968 par la revue Femmes suisses et le mouvement féministe, elle y indique les points qu’elle estime prioritaires pour son premier mandat : des solutions à la crise du logement et aux questions sociales, plus particulièrement concernant les personnes âgées et les enfants. Elle s’est aussi battue pour la cause des femmes, notamment pour la décriminalisation de l’avortement. Pourtant, elle ne se dit jamais féministe, préférant ce qu’elle qualifie de révolution tranquille, « faisant son avenir jour après jour », comme elle l’explique dans un entretien à la Télévision suisse romande en 1970.

À partir de 1984, Lise Girardin est présidente de la Commission fédérale des étrangers. Elle est alors en faveur d’un assouplissement de la procédure de naturalisation, principalement pour les immigré.e.s de deuxième génération. Cette même année, Élisabeth Kopp lui est préférée pour devenir première femme conseillère fédérale. D’après les sources, Lise Girardin s’était discréditée en acceptant de siéger au conseil d’administration de la Société de banque suisse en 1971, une proximité avec le domaine privé qui lui sera durement reprochée par ses collègues, principalement masculins. Après sa retraite en 1992, elle prend position pour l’entrée de la Suisse dans l’espace européen et s’engage publiquement pour le développement du congé maternité.

Lise Girardin, pionnière sur bien des aspects, déclare à la fin de sa vie : « J’ai le sentiment d’avoir passé ma vie à ouvrir des portes, à les passer, à essayer d’aller plus loin ». Elle décède en 2010. À cette occasion, de nombreuses femmes politiques suisses évoquent le parcours de « cette femme d’envergure qui avait secoué la République ». En signe de reconnaissance, depuis mars 2019, son nom est gravé sous le numéro du pupitre qu’elle occupait au Grand Conseil, tout comme le nom des dix femmes qui prirent place pour la première fois dans la salle du Conseil national la même année, en 1971.


Biographie : Myriam Piguet

Sources
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles