Kitty PONSE

1897-1982, biologiste

Née en 1897 à Sumatra dans les Indes néerlandaises et décédée le 10 février 1982 à Genève, Kitty Ponse est une scientifique, pionnière de la génétique et de l’endocrinologie, l’étude des hormones. Elle est notamment reconnue pour être parvenue, pour la première fois au monde, à changer durablement le sexe d’un crapaud mâle, expérience qualifiée en terme technique d’inversion sexuelle expérimentale d’un vertébré.

Arrivée en 1905 à Genève avec ses parents, Kitty Ponse y fait toutes ses études, elle est l’une des premières femmes à fréquenter le collège et est diplômée en sciences physiques et naturelles de l’Université de Genève en 1920. Elle soutient en 1924 une thèse de doctorat ès sciences naturelles intitulée L’organe de Bidder et le déterminisme des caractères sexuels secondaires chez le crapaud (Bufo vulgaris) sous la direction du biologiste Émile Guyénot. Elle est ensuite assistante puis privat-docente, c’est-à-dire qu’elle enseigne à l’université, mais sans être rémunérée. En 1935, Kitty Ponse reçoit une bourse internationale de l’Association des femmes universitaires. Chargée de cours depuis 1942, elle est nommée professeure d’endocrinologie en 1947 à l’Université de Genève. En 1953, elle décroche une importante subvention du Fonds national suisse de la recherche scientifique pour ses recherches. Elle orchestre durant de nombreuses années l’enseignement pratique donné à la Station de zoologie expérimentale qu’elle a contribué à fonder à Genève avec Émile Guyénot. Les étudiant.e.s saluent son charisme de chercheuse et d’enseignante. Son dynamisme suscite des vocations nombreuses dans la discipline.

KP, comme l’appellent ses proches et ses collègues, s’intéresse au rôle des hormones dans la détermination et la différenciation sexuelles chez les amphibiens. Son travail renouvèle les perspectives concernant « la détermination génétique du sexe et ses mécanismes d’expression ». Par ses expériences, Kitty Ponse montre que « les vertébrés, comme d’autres groupes, sont génétiquement bisexués ». Elle publie de multiples articles et monographies dont une œuvre majeure : La différenciation du sexe et l’intersexualité chez les vertébrés. Facteurs héréditaires et hormones (1949). Son approche inventive et ses réflexions épistémologiques permettent de nombreuses avancées en endocrinologie. Dans les années 1950, elle est ainsi invitée dans plusieurs laboratoires états-uniens.

Kitty Ponse est récompensée de nombreuses distinctions : le prix Montyon de l’Académie des sciences de Paris, le prix Allen Richard et le prix de l’Académie royale de Belgique. Elle devient la première lauréate du prix Otto Naegeli, la plus haute distinction scientifique en Suisse, pour l’ensemble de son œuvre scientifique dans ce domaine, en 1961.


Biographie : Sarah Scholl

Travaux (sélection)
  • L’organe de Bidder et le déterminisme des caractères sexuels secondaires chez le crapaud (Bufo vulgaris), Genève, Kundig, 1924
  • Avec Émile Guyénot, « Territoires de régénération et transplantations », Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome 64, 1930, p. 251-287.
  • « Régénérats testiculaires atypiques et masculinisation tardive chez le crapaud », Bulletin biologique de la France et de la Belgique, tome 131, 1931, p. 132-155.
  • Avec Hans Altschuler, Histophysiologie de l’activation thyroïdienne, Strasbourg, Imprimerie alsacienne, 1938.
  • « Sur la spécificité zoologique dans la réaction aux hormones », Archives des sciences physiques et naturelles, vol. 23, 1941, p. 211-216.
  • La différenciation du sexe et l’intersexualité chez les vertébrés, Lausanne, F. Rouge, 1949.
  • « Masculinisation paradoxale de rats par des extraits gonadotropes gravidiques en fonction de l’hypophyse et de la surrénal », Bulletin de l’Académie suisse des sciences médicales, vol. 10, 1954, p. 1-11.
  • « LH Action in the Ovary », European Review of Endocrinology, Supplément 2, 1966, p. 13-46.
Bibliographie
  • Buscaglia, Marino, « Kitty Ponse », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 242-244.
  • Buscaglia, Marino, « Une pionnière de la biologie est décédée. Hommage à Kitty Ponse », Journal de Genève, 12 février 1982, p. 13.
  • « Ces Helvètes qui ont marqué la science : Kitty Ponse (1897-1982) », CQFD, Radio télévision suisse, 12 avril 2018, 21 minutes 23.
  • « Kitty Ponse », in Faces à faces 06/09 : exposition Uni Dufour, du 3 juin au 30 septembre 2009, Genève, Université de Genève, 2009, p. 118.
  • Wüest, Jean, Buscaglia, Marino, « Kitty Ponse 1897-1982 », General and Comparative Endocrinology, vol. 56, no 2, 1984, p. 330-331.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles