Julienne PIACHAUD
Piachaud au centre avec la chemise blanche

Julienne PIACHAUD

1894-1978, fonctionnaire de la Société des Nations

L'ancienne Rue René-Louis Piachaud porte aujourd'hui son nom

Née Mayras le 26 septembre 1894 à Ivry-sur-Seine en France et décédée en 1978, Julienne Christine Piachaud est cheffe du Service de sténographie du Secrétariat de la Société des Nations (SdN) pendant dix-neuf ans, de 1922 à 1941.

Peu de choses sont connues sur la jeunesse de Julienne Mayras. Avant de rejoindre Genève en 1920, elle est secrétaire personnelle et sténographe pendant neuf ans à Ivry-sur-Seine dans la région Île-de-France. Elle rejoint la SdN à 25 ans, d’abord en tant que sténographe, avant de devenir deux ans plus tard cheffe de service. À cette époque, un service de sténographie et de dactylographie est indispensable au bon fonctionnement d’une administration et est en général exclusivement féminin. C’est également le cas à la SdN, où le Service de sténographie et de dactylographie est le plus grand du Secrétariat, composé de plus de cinquante femmes en 1932, toutes sous la supervision de Julienne Piachaud. Toutefois, cette dernière n’est pas considérée à l’égal de ses collègues masculins des autres services administratifs. Elle s’en plaint d’ailleurs à Eric Drummond, secrétaire général de l’organisation internationale, dès sa promotion en 1922. Mais, en 1929, elle est par exemple toujours payée 2 750 francs suisses de moins que son collègue en charge de la distribution. Il est dit dans les sources que Julienne Piachaud, malgré quelques problèmes anecdotiques avec ses supérieurs, avait une main de fer au sein de son service, tout en protégeant toujours ses employées en cas de conflits internes au sein du Secrétariat. En effet, son service a la réputation parmi les directeurs des sections de la SdN d’être plus turbulent que les autres, notamment car il est constitué uniquement de femmes, une vision en phase avec les stéréotypes de l’époque.

Julienne Piachaud quitte la SdN après la mort de son mari, René-Louis Piachaud, en 1941. Également fonctionnaire du Secrétariat, elle l’a rencontré peu de temps après être arrivée à Genève. Suite à leur mariage, elle perdit sa nationalité française, remplacée par la nationalité suisse de son mari, une pratique systématique à l’époque. On ne sait rien de ses occupations après son départ de l’organisation internationale. En comparaison, son mari est bien connu de l’histoire genevoise. Écrivain polémique, parfois accusé de proximité avec le fascisme, il possède une rue à Plainpalais et un fonds aux Archives de la ville.


Biographie : Myriam Piguet

Sources
  • « Julienne Piachaud », in Archives de la Société des Nations, Section files, Personnel files, file 2825, box S. 854bis, B. 65/Shelf 56.
Bibliographie
  • Gardey, Delphine, La dactylographe et l’expéditionnaire. Histoire des employés de bureau, 1890-1930, Paris, Belin, 2001.
  • Guerry, Linda, « La nationalité des femmes mariées sur la scène internationale (1918-1935) », Clio. Femmes, genre, histoire, no 43, 2016, p. 73-93.
  • « Julienne Christine Piachaud », in LONSEA database (www.lonsea.de/pub/person/9662).
  • Piguet, Myriam, « Gender Distribution in the League of Nations: The Start of a Revolution? », in Gram-Skjoldager, Karen, Ikonomou, Haakon A. (éd.), The League of Nations. Perspectives from the Present, Aarhus, Aarhus University Press, 2019, p. 60-70.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles