Julia CHAMOREL

Julia CHAMOREL

1916-2009, écrivaine

Née le 21 mai 1916 à Genève et décédée le 17 aout 2009, Julia Chamorel est une écrivaine, dramaturge et militante communiste.

Fille d’un cheminot militant socialiste, Julia Chamorel est sensibilisée dans son enfance aux idées pacifistes chrétiennes de ses deux parents. Son attrait pour celles-ci est raffermi lorsqu’elle devient, dans sa quinzième année, la catéchumène du pasteur Marcel Bourquin, socialiste chrétien. Bien qu’elle soit issue d’un milieu ouvrier, elle se passionne pour les études et fréquente le lycée de jeunes filles, qui lui fait côtoyer des écolières genevoises d’extractions sociales plus élevées. Elle est marquée par la fusillade du 9 novembre 1932 à Genève – où des militaires tirent sur des manifestants antifascistes – et se radicalise. Déçue par la réaction du Parti socialiste, elle adhère au Parti communiste genevois. En sa qualité non seulement d’étudiante (elle poursuit des études universitaires en lettres et en droit), mais aussi de femme, elle doit faire face à plusieurs difficultés dans son engagement : on lui rappelle qu’elle est en minorité et la prise de parole vis-à-vis des dirigeants masculins est compliquée.

De moins en moins convaincue par le parti et par certaines directives reçues de l’Internationale communiste, Julia Chamorel le quitte en 1937. Elle conserve toutefois ses convictions et, à cause de ses fréquentations, est surveillée par le service de la sureté genevoise. Elle épouse le peintre Xavier Bueno, avec lequel elle part vivre d’abord à Florence, en 1940, puis à Paris, après la guerre. Dans les années 1950 vient une période de défaitisme, face à une « impression que tout [leur] monde blanc pataugeait avec [elle] dans la déprime et, pur dégoût de soi-même et indifférence » et « se laissait aller a un lent suicide ».Elle retourne finalement à la politique en 1968 : « Déjà en février, par un de ces hasards qui marquent un destin, j’avais rencontré ‘UNIR/Débat pour le Socialisme’, qui me ramenait, par un détour, sur le chemin qui m’était le bon et le droit chemin, puisqu’il était le mien ».

En 1957, Julia Chamorel publie son premier roman, Les compagnons d’Hannelore, en plaçant l’histoire à Florence et en l’inscrivant dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale. Elle y laisse transparaitre sa vision critique de la guerre, tout comme dans Les verts paradis, sorti en 1960. Elle écrit également plusieurs pièces de théâtre, dont Deux et deux font quatre jouée notamment au Théâtre municipal de Lausanne en 1963. Vingt ans après l’édition, également en 1963, de son troisième roman, Colin-maillard, dont le genre s’écarte des deux premiers, elle publie un récit autobiographique, La cellule des écoliers. Cet ouvrage – dont elle affirme, dans son avant-propos, en avoir rédigé une première version quarante ans plus tôt, entre 1940 et 1944 – est un témoignage important qui se plonge dans les mouvements ouvriers et le Parti communiste de Genève des années 1930.


Biographie : Jade Sercomanens

Œuvres
  • Les compagnons d’Hannelore, Paris, Seuil, 1957.
  • Les verts paradis, Paris, Julliard, 1960.
  • Colin-maillard, Paris, Gallimard, 1963.
  • La cellule des écoliers, Lausanne, L’âge d’homme, 1983.
Bibliographie
  • Buclin, Hadrien, « Julia Chamorel, parcours d’une militante communiste dans la Genève des années trente », Cahiers d’histoire du mouvement ouvrier, no 29, 2013, p. 27-42.
  • Dubuis, Catherine, « Autres voix féminines », in Francillon, Roger (dir.), Histoire de la littérature en Suisse romande, vol. 3 : De la Seconde Guerre aux années 1970, Lausanne, Payot, 1998, p. 314-324.
  • Jeanneret, Pierre, « Fusillade de Genève », in Dictionnaire historique de la Suisse (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/017337/2007-07-11/).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles