Jeanne HERSCH
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Jeanne HERSCH

1910-2000, philosophe

Née le 13 juillet 1910 à Genève et décédée le 5 juin 2000 dans cette même ville, Jeanne Hersch est philosophe et professeure à l’Université de Genève.

La mère de Jeanne Hersch, Liba Lichtenbaum, médecin de formation, travaille au sein de la Section de désarmement de la Société des Nations, tandis que son père, Liebmann Hersch, est professeur de démographie et de statistique à l’Université de Genève ; immigrant.e.s d’origine juive polonaise, ses parents sont membres du Bund, syndicat socialiste juif d’Europe de l’Est.

Suite à une licence en lettres obtenue à Genève en littérature, mais close par un mémoire de licence sur la philosophie d’Henri Bergson, Jeanne Hersch effectue des séjours de recherche auprès des philosophes Karl Jaspers, à Heidelberg en 1932, et Martin Heidegger, à Fribourg-en-Brisgau, en 1933, première année du régime nazi. Elle publie en 1936 l’ouvrage L’illusion philosophique, dans lequel elle entame une réflexion existentialiste sur les limites de la connaissance, avant tout philosophique, réflexion qu’elle poursuit dans sa thèse de doctorat, L’être et la forme, publiée en 1946. Jeanne Hersch enseigne à l’École internationale de Genève de 1933 à 1956, avant d’être nommée professeure extraordinaire en 1956, puis professeure ordinaire en 1962 à l’Université de Genève. Outre ses travaux d’épistémologie (sur la vérité), d’anthropologie philosophique (sur l’existence) et d’éthique (sur la liberté), elle traite de thèmes aussi divers que la philosophie politique (elle est d’ailleurs membre du Parti socialiste, avec lequel elle prend toutefois ses distances sur certaines questions, notamment mai 68), la pédagogie ou encore l’esthétique. Jeanne Hersch publie en outre de nombreuses traductions de Karl Jaspers, dont elle souhaite promouvoir le travail.

En 1966, Jeanne Hersch devient directrice de la section « philosophie » de l’UNESCO. Anticipant la philosophie expérimentale – qui confronte les thèses philosophiques aux intuitions de personnes non formées à la philosophie –, elle effectue durant son mandat un travail destiné à défendre le caractère universel des droits humains. Elle dirige une équipe de recherche qui recense, dans toutes les cultures, et tout au long de leur histoire, les occurrences des valeurs fondatrices des droits humains, y compris lorsqu’elles sont exprimées sous forme littéraire et poétique. L’ensemble des textes est réuni dans le volume Le droit d’être un homme, paru en 1968.

Jeanne Hersch combine un travail philosophique volontiers « technique » (comme en atteste son article « Défense de la technicité en philosophie ») à un processus de médiation culturelle, faisant connaitre cette discipline au public non initié, notamment à travers son ouvrage L’étonnement philosophique, une série de brefs textes d’introduction aux auteurs les plus célèbres de la tradition.


Biographie : Hamid Taieb

Œuvres (sélection)
  • L’illusion philosophique, Paris, Félix Alcan, 1936.
  • « Défense de la technicité en philosophie », in et alii, L’homme, Neuchâtel, La baconnière, 1943, p. 54-71.
  • L’être et la forme, Neuchâtel, La baconnière, 1946.
  • Le droit d’être un homme, Paris, UNESCO, 1968.
  • L’étonnement philosophique. Une histoire de la philosophie, Paris, Gallimard, 1981.
Bibliographie
  • Berthoud, Jean-Michel, « Jeanne Hersch – ein Schweizer Philosophie-Monument », in Swissinfo.ch (www.swissinfo.ch/ger/gesellschaft/jeanne-hersch---ein-schweizer-philosophie-monument/8470630).
  • Christoff, Daniel, « Jeanne Hersch 1910-2000 », Revue de théologie et de philosophie, vol. 132, no 4, 2000, p. 305-309.
  • De Monticelli, Roberta (éd.), Jeanne Hersch. La dame aux paradoxes, Lausanne, L’âge d›homme, 2003.
  • Hubler, Lucienne, « Jeanne Hersch », in Dictionnaire historique de la Suisse (https://beta.hls-dhs-dss.ch/fr/articles/009421/2006-09-05).
  • « Jeanne Hersch », in Faces à faces 06/09 : exposition Uni Dufour, du 3 juin au 30 septembre 2009, Genève, Université de Genève, 2009, p. 130.
  • Monnet, Vincent, « Jeanne Hersch, l’exigence de la liberté », Campus, no 99, 2010, p. 32-33.
  • « Jeanne Hersch », in Wikipédia (https://de.wikipedia.org/wiki/Jeanne_Hersch) (versions allemande et française).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles