Jeanne Henriette RATH

Jeanne Henriette RATH

1773-1856, peintre

Née le 12 mai 1773 à Genève et décédée le 24 novembre 1856 dans cette même ville, Jeanne Henriette Rath est une peintre à la carrière professionnelle longue et exceptionnelle. Elle est aujourd’hui reconnue pour ses portraits de petit format à la gouache ou à la tempera, pour ses aquarelles et ses miniatures sur vélin, ivoire et émail.

Issue d’une famille d’origine nîmoise réfugiée à Genève en 1666 pour fuir les persécutions religieuses qui frappaient les fidèles protestant.e.s, et ensuite bien intégrée parmi les élites bourgeoises de la ville, Jeanne Henriette Rath est la fille d’Alexandrine Sarah Rolland et de Jean-Louis Rath, marchand horloger. Troisième d’une fratrie de quatre enfants, elle grandit dans un contexte familial difficile en raison des faillites successives de son père. Attirée très jeune par les arts, elle se forme au dessin auprès de Renée Sarasin Bordier, qui appartient à une famille très connue de miniaturistes et de peintres et qui l’intègre à son réseau professionnel. Son enseignante l’oriente bientôt vers la production de miniatures.

En 1798, consciente des difficultés économiques de sa famille et désireuse de vivre de son art, Jeanne Henriette Rath convainc ses parents de la soutenir dans la poursuite de son apprentissage des techniques artistiques. Elle se rend ainsi une année à Paris auprès du grand maitre de la miniature Jean-Baptiste Isabey, qui l’encourage à produire des portraits et des copies de tableaux de maitre. À son retour à Genève, elle œuvre comme portraitiste et copiste. Elle élargit son réseau aux élites russes en profitant également des contacts noués par son frère Simon Rath, lieutenant au service du tsar. Elle s’associe à d’autres femmes peintres, Louise-Françoise Mussard, Élisabeth Terroux et Pernette Massot, et propose à la Société des arts de Genève d’animer l’Académie des jeunes filles, c’est-à-dire la section féminine de l’École de dessin. En reconnaissance de ses qualités et de son talent, elle est rattachée à l’Académie de Genève comme membre associée honoraire de la Société des arts (1801), alors qu’à cette époque les femmes sont, par exemple, exclues de l’École des beaux-arts de Paris.

Dans les années suivantes, Jeanne Henriette Rath expose au Salon des arts de Paris, se rend à Berne, où elle peint pour la grande-duchesse Anna Feodorovna, et voyage en Italie. À la mort de Simon Rath en 1819, elle hérite, avec sa sœur, de la fortune de ce dernier. Les sœurs Rath reçoivent en outre la charge de consacrer une partie du legs à une œuvre d’utilité publique au nom de leur frère. Elles décident alors de financer la création d’un musée public des beaux-arts destiné également à l’enseignement du dessin et du modelage.

La construction du bâtiment du futur Musée Rath, situé à la place Neuve et inauguré en 1826, est aussi financée en bonne partie par la vente des tableaux de Jeanne Henriette Rath, ce qui témoigne de son extraordinaire réussite comme artiste professionnelle. Dès 1830, elle habite avec sa sœur à la rue de la Corraterie, à quelques pas du musée. Elle est présente sur la scène politique pour y défendre les intérêts de la Société des arts, entrant alors en conflit avec le gouvernement. Déçue par ces différends, elle s’éloigne finalement de la vie publique genevoise, continuant néanmoins à participer aux salons. Sa carrière désormais affirmée sur le plan international, elle expose régulièrement à Paris et à Zurich. Jeanne Henriette Rath s’éteint à Genève le 24 novembre 1856. Le Musée d’art et d’histoire de Genève expose une partie de ses œuvres.


Biographie : Daniela Solfaroli Camillocci

Bibliographie
  • Boissonnas, Lucien, « Henriette Rath », in Dictionnaire historique de la Suisse (www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F22582.php).
  • « Jeanne Henriette Rath », in Faces à faces 06/09 : exposition Uni Dufour, du 3 juin au 30 septembre 2009, Genève, Université de Genève, 2009, p. 51.
  • Kuner, Dominique, « Henriette Rath », in Pionnières et créatrices en Suisse romande, XIXe et XXe siècles, Genève, Slatkine, 2004, p. 324-326.
  • Schwok, Claire-Lise, « Jeanne-Henriette Rath », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 89-90.
  • Sturm, Fabienne Xavière, « Rath, Henriette », in Tissot, Karine (dir.), Artistes à Genève de 1400 à nos jours, Genève, L’APAGe, Notari, 2010, p. 514-515.
  • Sturm, Fabienne Xavière, « Rath, Jeanne Henriette », in SIKART Dictionnaire sur l’art en Suisse (www.sikart.ch/KuenstlerInnen.aspx?id=4023213).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles