Jean SINDAB

Jean SINDAB

1944-1996, internationaliste antiraciste et antisexiste

Née le 23 octobre 1944 à Cleveland aux États-Unis et décédée le 8 janvier 1996 à New York, Jean Sindab, de son vrai nom Nellie Jean Pitts, est une activiste et lobbyiste internationaliste afro-américaine engagée dans la lutte contre le racisme, le sexisme et l’exploitation économique.

La future Jean Sindab grandit à New York aux côtés de ses cinq sœurs dans un foyer à faible revenu, tenu par sa mère qui est nettoyeuse. En 1970, après six ans d’expérience professionnelle en tant que secrétaire juridique, puis deux ans en tant qu’assistante-éditrice dans des milieux majoritairement masculins, blancs et élitistes, elle entreprend des études universitaires en histoire socioéconomique, africaine et afro-américaine au Hunter College. Si ces années d’études participent à son émancipation intellectuelle, elles s’accompagnent néanmoins d’une forte précarité économique. Cette situation de pauvreté oblige Jean Sindab à continuer de travailler les après-midis en tant qu’assistante-éditrice, de même qu’à puiser des ressources psychologiques et émotionnelles dans sa foi chrétienne. Toutefois, l’obtention d’une bourse en 1972 lui permet de voyager hors des États-Unis et de se rendre au Ghana, au Nigeria et au Togo. À la suite d’un double master en science politique et relations internationales de l’Université de Yale, puis d’une thèse en science politique et développement des ressources humaines, elle obtient le titre de docteure en 1984.

À ce moment-là, Jean Sindab est, depuis quatre ans déjà, directrice du Washington Office on Africa (WOA), un organisme qui a pour but d’influencer la politique étrangère états-unienne contre l’apartheid en Afrique du Sud et en Namibie. Dans le cadre de ses fonctions, elle se consacre entre autres à des activités de lobbyisme stratégique auprès des membres du Congrès états-unien, des médias et d’organisations états-uniennes et internationales comme l’American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations, le Congressional Black Caucus, la Young Women’s Christian Association, Amnesty International et Human Rights Watch. Parallèlement à son engagement au sein du WOA, Jean Sindab est consultante pour le King Center for Non-Violence (1986), la Rainbow Coalition (1984-1986), le Conseil de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la Namibie et le Centre contre l’apartheid de l’ONU (1982-1986).

C’est à travers l’ensemble de ces activités que Jean Sindab acquiert les compétences et connaissances de terrain qui lui servent par la suite dans le Programme de lutte contre le racisme (PLR) du Conseil œcuménique des Églises (COE) installé au Grand-Saconnex, qu’elle rejoint en 1986. Durant ses cinq années au sein de l’organisation, mis à part une pause de quelques mois pour accompagner la campagne électorale du révérend afro-américain Jesse Jackson en 1988, elle occupe les fonctions de secrétaire de direction, puis de codirectrice du PLR et de coordinatrice du sous-programme Women Under Racism. Au sein de ce dernier, elle participe activement à la théorisation sur l’interconnexion des oppressions de race, sexe et classe appelée « intersectionnalité » par la sociologue afro-américaine Kimberlé Crenshaw dès 1989, de même qu’au réseautage de femmes victimes de racisme à travers le monde et à la mise à l’agenda de ces aspects au sein du COE.

Au printemps 1991, Jean Sindab retourne à New York et intègre le National Council of Churches of Christ. Elle prend alors part à la lutte nationale contre le racisme environnemental, lutte qui cherche à protéger les groupes racialement et économiquement opprimés des problèmes environnementaux qui les affectent tout particulièrement. Le 8 janvier 1996, elle meurt à l’âge de 51 ans d’un cancer du sein.


Biographie : Pamela Ohene-Nyako

Sources
Bibliographie
  • Ohene-Nyako, Pamela, Femmes de couleur dans la lutte transnationale contre le racisme. Le sous-programme Women Under Racism du Conseil œcuménique des Églises, Mémoire de master, Genève, Université de Genève, 2017.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles