Jane MARCET

Jane MARCET

1769-1858, écrivaine et vulgarisatrice scientifique

Née Haldimand le 1er janvier 1769 à Londres et décédée le 28 juin 1858 dans cette même ville, Jane Marcet est une écrivaine connue pour avoir rédigé plusieurs ouvrages de vulgarisation scientifique destinés à l’enseignement des jeunes et plus particulièrement des femmes.

Issue d’une riche famille de marchands et banquiers genevois expatriés en Angleterre, Jane Haldimand reçoit la même instruction que ses frères avec l’étude du latin, de la chimie, de la biologie et de l’histoire. À la mort de sa mère en 1785, elle devient la maitresse de maison et assiste son père lors des discussions scientifiques et littéraires qu’il organise chez elleux. Elle développe un intérêt particulier pour la chimie et assiste aux conférences publiques du chimiste Humphry Davy, qu’elle va vulgariser par la suite.

En 1799, Jane Haldimand épouse Alexandre Marcet, un médecin et chimiste d’origine genevoise, membre de la Royal Society of Medicine et professeur au Guy’s Hospital. Le couple Marcet travaille ensemble sur des expériences scientifiques et s’intègre rapidement parmi les cercles intellectuels de la haute société londonienne. Après avoir assisté son mari dans la rédaction de l’un de ses livres, Jane Marcet décide de publier ses propres travaux et réflexions. Elle fait le choix d’écrire en anglais plutôt qu’en latin, langue privilégiée à cette époque pour les échanges scientifiques, afin de rendre ses recherches accessibles au plus grand nombre.

En 1806, Jane Marcet publie des Conversations sur la chimie sous couvert d’anonymat. C’est seulement en 1832, lors d’une réédition, qu’elle s’affiche comme l’autrice de ce livre. Ses « conversations » mettent en scène trois personnages féminins, deux élèves, Caroline et Emily, et une professeure, Mrs Bryant. Il s’agit de dialogues explicatifs présentant des concepts vulgarisés de chimie qu’elle illustre avec ses propres dessins et gravures. Ce livre a connu un grand succès auprès du public avec seize éditions, il a été traduit et vendu à l’étranger en tant que manuel introductif pour certains programmes scolaires, notamment aux États-Unis avec plus de 160 000 exemplaires.

Dans la préface de son ouvrage, Jane Marcet se positionne en faveur d’une éducation ouverte à tou.te.s et surtout aux femmes, tout en adhérant aux clichés de l’époque : « En se hasardant à offrir son Ouvrage au public, et particulièrement aux lecteurs de son sexe, l’Auteur de cette introduction à la chimie comprend fort bien, que puisqu’elle est elle-même une femme, elle doit commencer par donner quelques explications sur son entreprise, dont elle a d’autant plus besoin de faire l’apologie, que ses connoissances [connaissances] en chimie sont récentes, et qu’elle n’a pas des droits bien réels au titre de chimiste ». Face au succès de ce premier livre, Jane Marcet reprend le format des « conversations » pour ses autres ouvrages, choisissant à chaque fois une science différente.

Le couple Marcet décide de s’installer à Genève en 1820, mais Alexandre Marcet meurt subitement en 1822. Jane Marcet reste quelque temps en Suisse avant de retourner à Londres. Elle poursuit ses recherches et continue de publier et de rééditer ses livres jusqu’à la fin de sa vie. Elle meurt à Londres en 1858 et laisse derrière elle un héritage scientifique internationalement reconnu, notamment dans le domaine de la chimie.


Biographie : Mathilde Sigalas

Travaux (sélection)
  • Conversations sur la chimie, dans lesquelles les élémens de cette science sont exposés d’une manière simple et éclaircis par des expériences, 3 vol., Genève, Manget et Cherbuliez, 1809 [1806].
  • Conversations sur l’économie politique, dans lesquelles on expose d’une manière familiere les élémens de cette science, Paris, Genève, J. J. Paschoud, 1817 [1816].
  • Conversations sur la philosophie naturelle, dans lesquelles les élémens de cette science sont exposés d’une manière familière, et mis à la portée des jeunes personnes, Paris, Genève, J. J. Paschoud, 1820 [1819].
  • Conversations sur la physiologie végétale, comprenant les élémens de la botanique et leur application à l’agriculture, 2 vol., Paris, Genève, A. Cherbuliez, 1830 [1829].
Bibliographie
  • Bahar, Saba, « Jane Marcet », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 72-73.
  • « Jane Marcet », in Faces à faces 06/09 : exposition Uni Dufour, du 3 juin au 30 septembre 2009, Genève, Université de Genève, 2009, p. 49.
  • Morse, Elizabeth J., « Marcet, Jane Haldimand (1769-1858) », in Oxford Dictionary of National Biography (https://doi.org/10.1093/ref:odnb/18029).
  • Rosenfeld, Louis, « The Chemical Work of Alexander and Jane Marcet », Clinical Chemistry, vol. 47, no 4, 2001, p. 784-792.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles