Germaine DUPARC

Germaine DUPARC

1916-2008, anthropologue

Née le 11 mai 1916 à Genève et décédée le 6 janvier 2008 dans cette même ville, Germaine Duparc est une anthropologue, enseignante et pédagogue.

Fille d’Emma Lugon, maitresse d’école enfantine, et d’Étienne Duparc, architecte et gérant immobilier, Germaine Duparc évolue dans une famille proche du courant de l’éducation nouvelle. Elle est notamment scolarisée à la Maison des petits, un établissement rattaché à l’Institut Jean-Jacques Rousseau créé par Édouard Claparède et Pierre Bovet en 1913, et qui est dédié à l’épanouissement des enfants dans un environnement libre. Au cours de sa jeunesse, elle s’intéresse à la botanique et entreprend une riche collection de plantes séchées.

Après avoir brillamment obtenu sa maturité, Germaine Duparc débute une licence en biologie à l’Université de Genève. En 1936, elle participe à une campagne de fouilles archéologiques organisée en Dordogne et semble avoir trouvé sa voie au milieu des préhistoriens. Diplômée en 1937, elle entame une thèse de doctorat sur un lot d’ossements humains en provenance d’Afrique du Sud sous la direction de l’anthropologue Eugène Pittard. Elle devient alors assistante bénévole du laboratoire d’anthropologie pour deux ans, de l’hiver 1937 à l’été 1939, et travaille aux côtés de Marguerite Dellenbach, Juan Comas, Hélène Kaufmann et Marc Sauter. Face à une absence de rémunération, elle prend en 1940 un poste de professeure de sciences au Collège Calvin et est la première femme à y enseigner à de jeunes garçons. Elle finit par soutenir sa thèse de doctorat en 1942, intitulée Contribution à l’étude anthropologique de la colonne vertébrale. Enquête portant sur 66 rachis de Boschimans, Hottentots et Griquas, et publie ses résultats dans les Archives suisses d’anthropologie générale la même année. Après sa soutenance, elle commence à travailler au laboratoire de zoologie de Pierre Revilliod, mais n’obtient pas de contrat fixe. À cette période, les postes pourvus par des femmes à l’université demeurent peu nombreux, et ce malgré leurs qualifications.

En 1945, Germaine Duparc met de côté sa passion pour les sciences naturelles et se résout à accepter le poste de directrice de la Maison des petits que lui ont proposé ses anciennes institutrices, Mina Audemars et Louise Lafendel, deux ans plus tôt. C’est dans cette perspective qu’elle obtient en 1943 un certificat de pédagogie et en 1944 un brevet d’aptitude à l’enseignement enfantin. À partir de 1946, Germaine Duparc est également chargée de cours de biologie à l’Institut des sciences de l’éducation (par la suite, dénommé Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation), avant d’y devenir respectivement professeure en 1960, puis professeure ordinaire en 1974. Fidèle à ses premiers intérêts scientifiques, elle se rend en Dordogne presque chaque année pour y poursuivre ses recherches en préhistoire et y conduit ses étudiant.e.s genevois.es jusque dans les années 1960. Tout au long de sa carrière, elle défend aussi les découvertes faites par des femmes, qu’elles soient pédagogues, enseignantes, chercheuses ou femmes de savants, et milite en faveur de la reconnaissance de leurs travaux.

En matière de pédagogie, Germaine Duparc suit les principes de l’éducation nouvelle. Elle publie en 1951 un recueil de jeux, de chansons et de rondes intitulé Chante, mon petit, qui est utilisé dans de nombreuses écoles en Suisse. Au cours des années 1950, elle s’intéresse plus particulièrement aux jeux spontanés, d’imagination et mimés mis en place par les enfants et privilégie, d’un point de vue méthodologique, la recherche basée sur l’observation. Après s’être focalisée sur les enfants malades, elle propose une table de jeu pour les enfants alités, qui est brevetée au milieu des années 1960. Après trente-trois ans de service, Germaine Duparc quitte la direction de la Maison des petits en 1978. Deux ans plus tard, en 1980, elle prend sa retraite et devient professeure honoraire de l’Université de Genève.


Biographie : Caroline Montebello

Travaux (sélection)
  • Avec Eugène Pittard, « Le canal vertébral des Boschimans », Bulletin de la Société suisse d’anthropologie et d’ethnologie, vol. 15, 1938, p. 14-16.
  • Avec Maurice Vidal, « Industries microlithiques provenant de la station du Moustier (Dordogne) », Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, no 8, 1939, p. 211-212.
  • « Contribution à l’étude anthropologique de la colonne vertébrale. Enquête portant sur 66 rachis de Boschimans, Hottentots et Griquas », Archives suisses d’anthropologie générale, tome 10, no 1-2, 1942, p. 1-138.
  • Chante, mon petit ! Jeux mimés, rondes et chansons, Neuchâtel, Paris, Delachaux & Niestlé, 1951.
  • « Le monde des tout-petits est-il influencé par notre monde moderne ? », International Review of Education, vol. 16, no 1, 1970, p. 88-96.
  • « L’enfant, à l’âge des ‘Pourquoi’, dans un monde en trop rapide évolution », Paedagogica Europaea, vol. 9, no 1, 1974, p. 60-68.
Bibliographie
  • Monnet, Vincent, « La double vie de Germaine Duparc », Campus, no 112, 2013, p. 32-33.
  • Perregaux, Christiane, Germaine Duparc. Scientifique et pédagogue. Une Genevoise aux passions discrètes, Genève, Suzanne Hurter, 2012.
  • « Germaine Duparc », in Faces à faces 06/09 : exposition Uni Dufour, du 3 juin au 30 septembre 2009, Genève, Université de Genève, 2009, p. 140.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles