Flore des Dames

1817, groupe de copistes botanistes

Initialement, la Flore des dames désigne un manuscrit de treize volumes constitué en 1816 par une centaine de femmes afin de conserver une copie à Genève d’un trésor de la recherche en botanique de l’époque.

Il s’agit de dessins et aquarelles de plantes, transcrits à partir du dossier de la Flore du Mexique. Ce dernier avait été constitué à l’instigation de la Couronne espagnole lors d’une expédition scientifique (Expedición Real de Botánica) menée en Amérique latine par l’Espagnol Martin de Sessé, le naturaliste mexicain José Mariano Mociño et deux peintres, Juan de la Cerda et Atanasio Echeverría. Le résultat de ces recherches en botanique arrive à Genève à la faveur à la fois des évènements internationaux postrévolutionnaires et des hasards des rencontres. Accusé de sympathie bonapartiste en Espagne, José Mariano Mociño doit s’exiler en France et se trouve à Montpellier en 1813. Il y rencontre Augustin-Pyramus de Candolle, botaniste genevois, et lui confie le dossier de la Flore du Mexique. Celui-ci rentre à Genève avec les dessins. En avril 1817, alors que la situation politique européenne s’éclaircit suite à la chute de Napoléon Ier, José Mariano Mociño reçoit l’autorisation de rentrer en Espagne. Mais il ne peut partir sans son dossier mexicain et presse Augustin-Pyramus de Candolle de le lui rendre.

Un formidable effort collectif se met alors en place pour recopier les illustrations. Une centaine de personnes, majoritairement des femmes, peintres et botanistes, se mobilisent pour reproduire en huit jours plus de 800 planches. Artistes confirmées ou élèves de l’École de dessin de Genève, elles permettent à la collection de rester à Genève. Dans un texte expliquant la démarche et qui chapeaute la version genevoise de la Flore du Mexique, Augustin-Pyramus de Candolle cite celles dont il connait le nom de famille, d’autres restent anonymes : Mesdames et Mesdemoiselles Tollot, Eynard, Vaucher, Almeras, Saint-Ours, Odier, Rath, Salles, Veirassaz, Vindisth, Decarro, Fabri, Chuit, Covelle, Revillod, Colladon, Pictet, Martin, Beaulacre, Amat, Ployard, Saladin, Vully, Mallet, Boucier, Comparet, Lullin, Van der Voestine, Mostyne. On reconnait des noms connus de l’époque, telle la peintre Jeanne Henriette Rath.

Augustin-Pyramus de Candolle termine son introduction en leur rendant hommage : « Tous ces ouvrages […] seront conservés par moi comme le gage précieux de la bienveillance publique et de l’esprit qui caractérise notre pays, et je prendrai des mesures pour qu’après moi cet ouvrage ne sorte jamais de Genève et qu’il puisse constamment y servir à l’enseignement de la Botanique, à l’avancement des arts, du dessin et à l’encouragement de l’esprit public ».

À la fin du XXe siècle, ces documents, précieusement conservés à Genève, prennent le nom de « Flore des dames ». Une exposition lui est consacrée en 2018. Le manuscrit est disponible depuis 2019 en format numérisé dans la bibliothèque virtuelle e-codices, et les autrices et auteurs des dessins y sont identifié.e.s.


Biographie : Sarah Scholl

Œuvres
  • Candolle, Augustin-Pyramus de, La flore du Mexique, vol. 1, Manuscrit conservé à la Bibliothèque des Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, 1819.
  • Flore des dames de Genève, Genève, Conservatoire et Jardin botaniques de la Ville de Genève, 1787-1803 et 1817, 13 vol., disponible sur : www.e-codices.unifr.ch.
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles