Elna PALME DUTT
Source/The National Archives (United Kingdom) KV 2/3668

Elna PALME DUTT

1891-1982, statisticienne et traductrice

Née le 18 juin 1891 à Cambridge en Angleterre et décédée le 20 octobre 1982 à Genève, Elna Palme Dutt est une statisticienne et traductrice. Trente années durant, elle est fonctionnaire internationale au sein du Bureau international du travail (BIT), le secrétariat de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Elna Palme Dutt est issue de l’union d’Anna Palme, suédoise de parcours inconnu, et d’Upendra Dutt, chirurgien indien. Diplômée en mathématiques et en économie de l’Université de Cambridge, elle est engagée comme assistante de recherche en statistique par Arthur Lyon Bowley, statisticien et économiste à la London School of Economics. À une époque où les femmes sont encore plus rares qu’aujourd’hui dans ces disciplines scientifiques, elle accomplit des recherches pour Arthur Lyon Bowley. Perdant cet emploi durant la Première Guerre mondiale, sans doute pour des questions budgétaires, Elna Palme Dutt est embauchée comme assistante au Bureau de statistique du London Underground and Omnibus Combine. Elle travaille ensuite comme relectrice et traductrice de l’allemand, du suédois, du norvégien et du danois vers l’anglais pour les rubriques économiques et politiques de la Review of Foreign Press publiée par le Military Intelligence Department of the War Office.

Elna Palme Dutt est engagée par le BIT en avril 1921 et s’installe à Genève. Selon ses récits, elle aurait postulé auprès de l’institution afin de mettre ses compétences au service des infortuné.e.s et de jouer un rôle dans la construction d’un monde plus juste. Engagée dans un premier temps comme commise statistique, un poste largement inférieur à ses compétences, elle collecte des données nationales sur le travail qu’elle compile pour la Revue internationale du travail, la revue scientifique du BIT. Elle réclame très rapidement un emploi mieux rémunéré en tant que traductrice, emploi qui lui sera attribué après une lutte acharnée avec sa hiérarchie. Placée au Service de traduction, Elna Palme Dutt traduit l’ensemble des textes anglais pour la Revue internationale du travail. Elle est ensuite promue traductrice-réviseuse en 1931. Remplaçant le chef de section lors de ses absences, elle est qualifiée d’assistante dans les rapports sur son travail sans que cela ne soit réellement officialisé dans ses statuts. Devenue rédactrice en cheffe de la Revue internationale du travail, elle part avec le BIT lorsque celui-ci est transféré à Montréal au début de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Elna Palme Dutt reçoit la médaille Illis quorum délivrée par le roi de Suède en reconnaissance de services éminents rendus dans les domaines humanitaires et sociaux. Elle participe ensuite à la troisième Réunion régionale des Amériques à Mexico en 1946. Elle se rend également en mission en Inde pour récolter des informations destinées à soutenir la Conférence régionale préparatoire de l’OIT pour l’Asie à New Delhi en 1947. De retour à Genève dans le sillage du BIT, elle continue à être rédactrice en cheffe pour la version anglaise de la Revue internationale du travail. Mise à la retraite en 1951, elle semble avoir ensuite continué à se dévouer à des causes sociales, tapant par exemple des livres en braille.

Elna Palme Dutt possède le profil classique des femmes ayant fait carrière au BIT : célibataire, fidèle (trente ans dans l’institution) et surtout n’ayant jamais réussi à franchir le plafond de verre, malgré des rapports très élogieux, et à diriger une section ou un service. Ce manque de reconnaissance témoigne d’une inégalité de traitement, qui se traduit par une inégalité salariale, mais donne aussi lieu à de nombreuses vexations dans la vie quotidienne.


Biographie : Laure Piguet

Sources
  • « Miss P. Dutt », in Archives du Bureau international du travail, Dossier du service du personnel, P. 304.
Bibliographie
  • Butler, Angela, « Elna Palme Dutt, 1891-1982 », Bulletin du syndicat BIT, no 127, 1983, p. 11-12.
  • Riegelman Lubin, Carol, Winslow, Anne, Social Justice for Women. The International Labor Organization and Women, Durham, London, Duke University Press, 1990.
  • Thébaud, Françoise, « Le genre de l’OIT. Place des femmes dans les organes représentatifs, hiérarchie sexuée des emplois et politiques genrées de justice sociale », Le mouvement social, no 263, 2018, p. 93-108.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles