Élisabeth de STOUTZ

Élisabeth de STOUTZ

1854-1917, peintre et écrivaine

Née le 5 mai 1854 à Genève et décédée le 7 mai 1917 à Monthoux en France, Élisabeth Suzanne de Stoutz est une artiste reconnue par la critique, genevoise notamment, pour ses portraits et ses peintures de genre.

Fille de Frédéric de Stoutz, avocat, et d’Adèle de Combes, fondatrice et directrice de l’Ouvroir des Eaux-Vives, Élisabeth de Stoutz est issue d’une famille très aisée. Elle passe le début de sa vie dans les propriétés familiales d’une façon qu’elle qualifiera par la suite d’oisive, jusqu’en 1877, date à laquelle sa famille doit faire face à des problèmes financiers. Les difficultés rencontrées l’encouragent à trouver sa propre voie professionnelle et lui permettent d’échapper à une vie « mondaine et inutile », comme elle l’écrira ensuite. À 23 ans, elle entre à l’École municipale des beaux-arts de Genève où elle restera de 1877 à 1889. Elle effectue un séjour de deux semaines aux Pays-Bas en 1885 et est très marquée par les œuvres de Rembrandt. Entre 1886 et 1889, elle est choisie pour suivre les cours de Barthélemy Menn, peintre genevois, qui voit en elle une artiste de talent et l’encourage à se lancer dans la peinture. En 1890, elle obtient un second prix au concours Diday, concours suisse de peinture de paysage et de genre, pour l’œuvre Petite convalescente. Au cours de sa carrière, elle participe à de nombreuses expositions à Genève, ainsi qu’à Berne. En mars 1892, elle expose La ronde à l’Athénée, tableau remarqué par la critique. Élisabeth de Stoutz est atteinte d’une grave maladie en 1899, maladie à laquelle elle survit, mais qui lui laisse des séquelles. Après avoir recouvré la santé, elle reprend ses activités et continue à peindre, à dessiner et à enseigner.

Élisabeth de Stoutz vit à Nambot, près de la demeure familiale de Monthoux, dans une petite cabane paysanne héritée de son grand-père. C’est dans la campagne savoyarde environnante qu’elle trouve ses modèles. Selon C. G., qui signe sa nécrologie et déclare être de son proche entourage professionnel, elle aurait dit, avant de partir aux Pays-Bas : « Pourquoi s’en aller en Hollande quand, tout près de soi, il y a tant d’occasions d’aimer fortement et de pénétrer ce qu’on aime ? Ah ! Ce n’est pas l’inspiration que je vais chercher là-bas ! J’en ai déjà plus qu’il ne m’en faut ! ». Ce discours exprime bien le fondement de l’art d’Élisabeth de Stoutz ; si ses personnages sont décrits comme si vivants et touchants par le public et la critique, c’est entre autres parce qu’elle les a longuement étudiés et parce qu’elle a vécu avec ses modèles. Les enfants et les vieilles femmes qui font la majorité de son œuvre ne sont pas des allégories ou des décorations, mais des proches, des gens dont elle dit chercher à rendre l’âme véritable par un long travail de dessins et croquis. Ce sont ces croquis qui sont appréciés notamment des critiques, et qui leur font dire que c’est là, plus que dans certains de ses tableaux, que se trouve l’essence de son œuvre. Les expositions d’Élisabeth de Stoutz présentaient ainsi non seulement ses tableaux, la plupart du temps des scènes d’extérieurs, mais également les nombreuses études qu’elle exécutait pour préparer la réalisation de ses travaux.

Le revers de fortune de sa famille lui a permis d’embrasser une vie professionnelle dans laquelle elle dit avoir trouvé son bonheur. Son parcours est retracé dans l’ouvrage Mon bonheur en ce monde, constitué en partie de notes autobiographiques sur sa vie, ses œuvres et les personnes qu’elle a côtoyées. Certains de ses tableaux sont exposés au Musée d’art et d’histoire de la ville de Genève.


Biographie : Nikita Schweizer

Œuvres
  • Mon bonheur en ce monde. Souvenirs et croquis, Genève, Paris, Frédéric Boissonnas, 1927.
Sources
  • Roger, Noëlle, « Exposition de peinture de Mlle Elisabeth de Stoutz », Journal de Genève, 16 avril 1901, p. 2-3.
  • G. V., « Exposition de Mlle E. de Stoutz », Journal de Genève, 10 avril 1910, p. 2-3.
  • J. Cd., « Exposition Armand Apol, Gustave François et Elisabeth de Stoutz », Journal de Genève, 15 mars 1918, p. 5.
  • O. G., « Une belle vie : Mlle Elisabeth de Stoutz », Le mouvement féministe, vol. 6, no 66, 1918, p. 33-34.
Bibliographie
  • Brulhart, Armand, « Elisabeth de Stoutz », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Suzanne Hurter, 2005, p. 126-127.
  • « Combes, de, Adèle Suzanne (1827-1911) », Base de données des élites suisses au XXe s. (www2.unil.ch/elitessuisses/index.php?page=detailPerso&idIdentite=74225).
  • Vuilliomenet, Jeanne, « Mon bonheur en ce monde », Le mouvement féministe, vol. 16, no 278, 1928, p. 35-38.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles