Ekaterina KOUSKOVA

1869-1958, militante et journaliste

Née Essipova le 23 novembre (5 décembre selon le calendrier julien) 1869 à Oufa en Russie et décédée le 22 décembre 1958 à Genève, Ekaterina Kouskova est une femme politique, intellectuelle, journaliste et militante russe.

En 1885, âgée de 16 ans, Ekaterina Essipova termine le gymnase pour filles de Saratov en externe, tout en subvenant aux besoins de sa famille. Elle s’instruit ensuite en autodidacte, organise même chez elle une « université à la maison » pour jeunes filles. Dès le début des années 1880, elle se familiarise avec les écrits de penseur.euse.s populistes et intègre leur cercle. Son activisme politique lui vaut un mois de prison et trois ans de surveillance policière. En 1894, elle contracte un mariage fictif avec un ami et collègue de parti, Piotr Kouskov, pour le faire sortir de prison. En relégation à Nijni Novgorod, elle rencontre Sergueï Prokopovitch, son futur mari, Vladimir Korolenko, Maxime Gorki et d’autres intellectuel.le.s activistes, et adopte une ligne marxiste. En mars 1896, Ekaterina Kouskova quitte la Russie pour l’Europe occidentale, où elle passe trois années. À son retour en Russie, elle prend ses distances avec la social-démocratie de Lénine et Gueorgui Plekhanov, tout en publiant dans de nombreux journaux et revues d’opposition.

En octobre 1905, Ekaterina Kouskova est élue in abstentia au comité central du Parti constitutionnel démocratique, qu’elle refuse d’intégrer au profit de l’Union de libération. Après la révolution de 1905, elle prône l’alliance de toutes les forces de gauche. À la veille de la révolution de 1917, l’appartement d’Ekaterina Kouskova et de Sergueï Prokopovitch accueille de nombreuses réunions secrètes, notamment franc-maçonnes. Après février 1917, elle édite le journal Le pouvoir du peuple, qui devient un des centres de l’opposition aux bolcheviks. Ekaterina Kouskova soutient le gouvernement provisoire formé après l’abdication du tsar Nicolas II et en appelle à la défense de l’État. Durant la guerre civile, elle s’oppose à la dictature des Rouges comme des Blancs et participe à l’organisation et à la direction du Comité d’aide aux affamés, qui lutte contre la famine. Arrêté.e.s en 1921 pour leurs contacts avec l’étranger, Ekaterina Kouskova et son mari sont expulsé.e.s de Russie en 1922.

Elle vit d’abord à Berlin, avant d’être élue présidente de la Croix-Rouge politique, une organisation russe d’aide aux prisonnier.ère.s politiques, et déménage à Prague. En 1939, après l’occupation de la Tchécoslovaquie par les forces allemandes, elle s’installe à Genève, où elle vivra près de vingt ans, jusqu’à sa mort en 1958. Elle y collabore avec les principaux journaux et revues de l’émigration russe (Les dernières nouvelles, Les jours, Les annales contemporaines, La liberté de la Russie et d’autres) et joue un rôle actif dans la vie politique de l’émigration russe, en menant d’intenses débats, notamment autour des relations à entretenir avec la Russie soviétique. Ekaterina Kouskova est l’autrice de mémoires intitulés Passé lointain (non publiés en français).


Biographie : Annick Morard

Bibliographie
  • Мнухин, Л., Авриль, М., Лосская, В. (ред.), Российское зарубежье во Франции, 1919-2000. Биографический словарь [Mnoukhine, L., Avril, M., Lossky, V. (dir.), L’émigration russe en France, 1919-2000. Dictionnaire biographique], в 3-х т., Москва, Наука, Дом-музей Марины Цветаевой, 2008-2010.
  • Серков, А. М., Русское масонство 1731-2000.Энциклопедический словарь [Serkov, A. M., La franc-maçonnerie russe, 1731-2000. Dictionnaire encyclopédique], Москва, РОССПЭН, 2001.
  • Сорокин, А. К., Шелохаев, В. В. (рук. проекта), Русское зарубежье: Золотая книга этиграции, первая треть XX века. Энциклопедический биографический словарь [Sorokine, A. K., Chelokhaev, V. V. (dir.), La Russie hors-frontières. Livre d’or de l’émigration, premier tiers du XXe siècle. Encyclopédie biographique], Москва, РОССПЭН, 1997.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles