Clotilde BRESSLER-GIANOLI
1872-1912, cantatrice
Née le 3 juin 1872 à Genève et décédée le 12 mai 1912 dans cette même ville, Clotilde Bressler-Gianoli est une cantatrice de renommée internationale.
Issue d’une famille d’origine italienne, Marie Clotilde Gianoli grandit à Genève dans un milieu d’artistes plasticiens, peintres, sculpteurs et décorateurs. Ayant débuté le piano à l’âge de 4 ans, elle remporte tous les prix des concours de cet instrument au Conservatoire de musique de Genève et termine sa formation à l’âge de 16 ans. Elle se dirige ensuite vers le chant. Contralto, une tessiture rare, elle se forme d’abord à Genève auprès de Léopold Ketten, puis poursuit son instruction en chant à Milan, un lieu incontournable de la scène lyrique. C’est en 1892 qu’elle fait ses débuts au Grand Théâtre de Genève, puis est engagée à l’Opéra comique de Paris. Son talent lui vaut une ascension rapide et internationale dans le milieu de l’opéra qui la mène de Bruxelles à New-York en passant par Lyon. Ainsi, en 1904, elle joue le rôle de Carmen en duo avec Enrico Caruso (Don José) à la Royal Opera House de Londres. Après un séjour à la Manhattan Opera House en 1908, elle rejoint la Scala de Milan. En 1909, un critique genevois salue son interprétation de Carmen : « C’est toujours, au point de vue vocal, la perfection même et dites par cette voix chaude et si artistement conduite, toutes les pages de la Carmencita ont leur maximum de relief, de charme et de fini dans l’exécution. Et la comédienne au jeu plein d’autorité, délicieuse dans les parties gaies, et si tragique dans les autres, égale la chanteuse. Son succès fut triomphal et les rappels innombrables ».
Cantatrice reconnue tant pour sa voix que pour la justesse de son jeu d’actrice, elle se produit ensuite avec succès sur les grandes scènes des États-Unis (Manhattan, Chicago, Philadelphie). Ses interprétations de Charlotte, de Dalila, de Carmen et surtout d’Orphée lui valent une renommée extraordinaire dans le monde de l’opéra.
Malgré cette trajectoire couronnée de succès, elle est rattrapée par les devoirs assignés à son genre. Comme l’indique sa nécrologie dans la Gazette de Lausanne, « cette grande artiste était une épouse dévouée et une mère excellente : à la fortune qui s’offrait, elle préféra le calme de la retraite dans son délicieux home de Vernaz, en Haute-Savoie, à quelques kilomètres de Genève ». Sacrifiant ainsi sa carrière de cantatrice lyrique, elle enseigne au Conservatoire de Lausanne et monte sur scène en de trop rares occasions. Elle meurt subitement en 1912 à cause d’une appendicite aigüe. Vingt-cinq ans après sa mort, le Journal de Genève rend hommage à son talent de cantatrice en affirmant : « La plainte d’Orphée n’a sans doute pas connu d’accents plus émus et plus enchanteurs ! ». Sa voix et ses prestations ne nous sont parvenues que par quelques enregistrements.
Biographie : Sarah Scholl
- « Théâtre », Journal de Genève, 28 octobre 1904, p. 3.
- « Bressler-Gianoli to Sing in Milan », The New York Times, 2 juillet 1908, p. 9.
- « ‘Carmen’ avec Mme Bressler-Gianoli », Journal de Genève, 30 décembre 1909, p. 5.
- « Madame Bressler-Gianoli », Gazette de Lausanne, 13 mai 1912, p. 2.
- P. A., « Clotilde Bressler-Gianoli », Journal de Genève, 13 mai 1937, p. 3.
- « Clotilde Bressler-Gianoli », in Wikipédia (https://en.wikipedia.org/wiki/Clotilde_Bressler-Gianoli).