Ceza NABARAWI

Ceza NABARAWI

1897-1985, rédactrice en cheffe de L’Égyptienne

Née le 24 mai 1897 au Caire et décédée en février 1985 dans cette même ville, Ceza Nabarawi est une militante pour les droits des femmes et rédactrice en cheffe de L’Égyptienne.

Ceza Nabarawi est adoptée dès sa naissance par un couple proche de ses parents biologiques et part vivre en Europe. Elle grandit en France et commence son éducation à Versailles, puis à Paris. Sa mère adoptive se suicide lorsqu’elle a 15 ans et elle rentre en Égypte auprès de son grand-père maternel. Elle poursuit sa scolarité dans une école française à Alexandrie, l’École des dames de Sion.

Ceza Nabarawi est alors en âge de porter le voile, qui est obligatoire en Égypte à cette époque, et s’oppose à sa famille en choisissant de se couvrir la tête avec une casquette de baseball. Ce premier acte de revendication la rapproche d’une amie de sa défunte mère, Huda Sharawi, militante pour les droits des femmes en Égypte, qui la convainc de se voiler. Les deux femmes rejoignent le milieu féministe et militant égyptien en participant à des manifestations pour l’indépendance de l’Égypte, incluant une réforme de l’enseignement et l’accès à l’éducation pour toutes dans leurs revendications.

En janvier 1920, Huda Sharawi et Ceza Nabarawi sont signataires de la charte qui officialise la création d’une organisation politique féministe, le Wafdist Women’s Central Committee (WWCC). Le WWCC est invité à Genève pour participer à la conférence de l’International Alliance of Women for Suffrage and Equal Citizenship (IAW) de 1920. Ceza Nabarawi se rend avec d’autres militantes du WWCC à Genève. L’invitation se renouvèle en 1923 pour participer à la conférence de l’IAW organisée cette fois-ci à Rome. À cette occasion, Huda Sharawi crée l’Egyptian Feminist Union (EFU), pour se détacher du caractère politique du WWCC, et envoie une délégation à cette conférence. Ceza Nabarawi se trouve parmi les participantes. À leur retour de Rome, Huda Sharawi et Ceza Nabarawi décident de lutter pour la condition féminine égyptienne en retirant publiquement leurs voiles à leur descente du train en gare du Caire, où la presse et d’autres groupes féministes les attendent.

Le combat féministe égyptien s’organise progressivement et prend place dans l’espace public au travers de manifestations et de boycotts, ainsi que dans la presse. Ceza Nabarawi s’y implique en devenant rédactrice en cheffe du journal L’Égyptienne lors de sa création en 1925. Ce journal est rattaché à l’EFU et publié en français. Elle y édite entre autres un article en mars 1925, « Deux poids, deux mesures », dans lequel elle dénonce l’« inégalité de traitement » entre les femmes actives égyptiennes et les femmes étrangères, notamment dans le secteur du journalisme et de la politique. Elle devient représentante de l’EFU à partir des années 1940 lorsque Huda Sharawi se retire de la présidence. Ceza Nabarawi participe aux congrès de l’IAW en 1949 et 1952. En 1953, elle quitte l’EFU pour divergences politiques, elle s’oppose au colonialisme et est jugée trop à gauche. Elle adhère la même année à la Fédération démocratique internationale des femmes et continue son combat féministe et pacifiste jusqu’à sa mort en février 1985.


Biographie : Mathilde Sigalas

Travaux (sélection)
  • « Orient et Occident », L’Égyptienne, no 6, 1925, p. 176-178.
  • « À propos du journalisme », L’Égyptienne, no 13, 1926, p. 9-11.
  • « Rentrée des classes », L’Égyptienne, no 31, 1927, p. 9-13.
  • « Les femmes dans la police », L’Égyptienne, no 51, 1929, p. 21-27.
  • « Vers l’abolitionnisme », L’Égyptienne, no 81, 1932, p. 2-5.
  • « Le grand libérateur de la femme turque : Kamal Ataturk », L’Égyptienne, no 151, 1939, p. 2-8.
Bibliographie
  • Badran, Margot, Feminists, Islam, and Nation. Gender and the Making of Modern Egypt, Princeton (New Jersey), Princeton University Press, 1995.
  • Makar, Ragai N., « New Voices for Women in the Middle East », MELA Notes, no 65-66, 1997-1998, p. 14-60.
  • Margherio, Stephanie, « Feminists, Nationalists, and the State in 19th and 20th Century Egypt », The Loyola University Student Historical Journal, vol. 35, 2002-2003 (http://people.loyno.edu/~history/journal/Margherio.htm).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles