Carole ROUSSOPOULOS
Photo: Association Carole Roussopoulos

Carole ROUSSOPOULOS

1945-2009, vidéaste

Née De Kalbermatten le 25 mai 1945 à Lausanne et décédée le 22 octobre 2009 à Sion en Suisse, Carole Roussopoulos est une vidéaste et militante féministe. Elle a réalisé plus de 120 documentaires portant sur les luttes féministes, sociales, antiracistes et LGBT.

Fille de Miriel Dorane van der Zee, femme au foyer, et de Louis de Kalbermatten, banquier, Carole de Kalbermatten grandit à Sion, puis commence des études de lettres à l’Université de Lausanne. Installée à Paris dès 1967 sous le prétexte de poursuivre son cursus à la Sorbonne, elle travaille pour le magazine Vogue, fréquentant ainsi, pour la première fois, des femmes indépendantes. Licenciée, elle s’achète une caméra vidéo portable (un Portapak de Sony) avec son indemnité, devenant la deuxième personne en France à en posséder une, après Jean-Luc Godard. Elle se rend en Palestine lors du Septembre noir – un conflit entre la Jordanie et l’Organisation de libération de la Palestine (1970-1971) – où elle tourne, avec son mari Paul Roussopoulos, le documentaire Hussein, le Néron d’Amman. En 1971, elle fonde, avec ce dernier, le collectif « Vidéo out » dont l’objectif est de passer le micro aux opprimé.e.s et aux exclu.e.s. Grâce à la vidéo portée par Carole Roussopoulos, les luttes des années 1970 sont filmées à travers le regard de celles et ceux qui les font : les grévistes de Lip, les Palestinien.ne.s, les Black Panthers, les homosexuel.le.s, les mobilisé.e.s pour l’avortement ainsi que pour une contraception libre et gratuite ou les prostitué.e.s de Lyon. Carole Roussopoulos rejoint le Mouvement de libération des femmes (MLF), participant à de multiples actions dont elle célèbre l’alliance entre subversion et humour. Pour elle, « [t]oute femme qui décide de ne plus être un paillasson […] est féministe ». Avec le collectif « Insoumuses » (Carole Roussopoulos, Delphine Seyrig, Ioana Wieder et Nadja Ringart), elle réalise deux films qui deviendront culte pour les mouvements féministes : Miso et Maso vont en bateau (1976) et S.C.U.M. manifesto (1976), basé sur le texte de Valérie Solanas.

Au début des années 1980, Carole Roussopoulous fonde le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder. Cet espace a pour vocation de conserver et de créer des documents audiovisuels concernant les luttes féminines, l’histoire des femmes et leurs activités créatrices. En 1986, elle rachète L’entrepôt à Paris, lieu de projections et de meetings politiques. Elle fait faillite en 1994 et, la même année, retourne en Suisse. Gagnant de l’argent grâce à ses films dès les années 1980, elle réalise des documentaires plus conventionnels portant sur des sujets sociétaux comme les femmes au travail (agricultrices, conchylicultrices, travailleuses de la mer), l’inceste, l’excision, les violences conjugales, la prison ou les soins palliatifs. Elle décède d’un cancer le 22 octobre 2009 à Sion.


Biographie : Laure Piguet

Œuvres (sélection)
  • Genet parle d’Angela Davis, 1970, 7 minutes.
  • Le F.H.A.R. (Front homosexuel d’action révolutionnaire), 1971, 26 minutes.
  • Monique (Lip 1), 1973, 25 minutes.
  • Les prostituées de Lyon parlent, 1975, 40 minutes.
  • Avec Delphine Seyrig, S.C.U.M. manifesto, 1976, 27 minutes.
  • Avec Nadja Ringart, Delphine Seyrig, Ioana Wieder, Maso et Miso vont en bateau, 1976, 55 minutes.
  • Avec Ioana Wieder, Flo Kennedy. Portrait d’une féministe américaine, 1982, 59 minutes.
  • L’inceste. La conspiration des oreilles bouchées, 1988, 30 minutes.
  • Debout !, 1999, 90 minutes.
  • Avec Véronique Ducret, Rina Nissim, Marchons, avançons, résistons en Suisse romande, 2002, 31 minutes.
Bibliographie
  • Brenez, Nicole, Fargier, Jean-Paul et alii, Caméra militante. Luttes de libération des années 1970, Genève, MétisPresses, 2010.
  • Delphy, Christine, Fleckinger, Hélène, « Une géante du documentaire politique disparaît. Carole Roussopoulos, réalisatrice féministe, nous a quitté.e.s », Nouvelles questions féministes, vol. 29, no 1, 2010, p. 4-5.
  • Fleckinger, Hélène, « Une révolution du regard. Entretien avec Carole Roussopoulos, réalisatrice féministe », Nouvelles questions féministes, vol. 28, no 1, 2009, p. 98-118.
  • Martin, Marie-Claude, « Carole Roussopoulos (1945-2009). Géante de la vidéo portable », in Adler, Tibère, Parzer Epp, Verena, Wirz, Claudia (éd.), Pionnières de la Suisse moderne. Des femmes qui ont vécu la liberté, Genève, Slatkine, 2014, p. 169-172.
  • « Carole Roussopoulos », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Carole_Roussopoulos).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles