Bertha LUTZ

1894-1976, vice-présidente de la Commission interaméricaine des femmes

Née le 2 aout 1894 à São Paulo et décédée le 16 septembre 1976 à Rio de Janeiro, Bertha Maria Julia Lutz est une erpétologiste – une scientifique spécialisée dans l’étude des reptiles et des batraciens –, politicienne brésilienne, diplomate et militante pour l’accès des femmes au droit de vote.

Fille d’Amy Fowler, infirmière d’origine anglaise, et d’Adolfo Lutz, physicien d’origine brésilienne et suisse, Bertha Lutz étudie les sciences naturelles à la Sorbonne, à Paris. Diplômée en 1918, elle travaille comme scientifique au Musée national de São Paulo. Spécialiste notamment des grenouilles, elle publie de nombreux articles scientifiques au cours de sa vie. À son retour au Brésil, elle s’engage aussi pour le droit de vote des femmes. En 1919, elle fonde la Ligue pour l’émancipation intellectuelle des femmes. En 1922, elle représente le Brésil à la Conférence panaméricaine des femmes à Baltimore, aux États-Unis. La ligue qu’elle a créée devient la Fédération brésilienne pour le progrès des femmes, dont elle est la présidente entre 1922 et 1942. D’après certaines sources, c’est dans cette période que Bertha Lutz serait venue à Genève, notamment pour participer à des conférences liées à l’Organisation internationale du travail.

En 1932, les femmes brésiliennes obtiennent le droit de vote et Bertha Lutz prend part à la rédaction de la nouvelle constitution. Elle fait ensuite campagne pour siéger au Congrès national brésilien. Élue en 1936, elle rentre à la Chambre des députés tandis que la presse féministe du monde entier, jusqu’en Suisse, relaie l’information. Mais, en 1937, l’arrivée au pouvoir d’un régime dictatorial au Brésil met fin à ses projets politiques. Elle continue pourtant à s’engager pour les droits des femmes aux niveaux national et international. En 1945, elle est l’une des quatre femmes à signer la Charte des Nations unies et fait partie de la délégation brésilienne à la Conférence de San Francisco qui est à l’origine de l’organisation internationale. Durant les négociations, Bertha Lutz et Minerva Bernardino, de la République dominicaine, bataillent pour que soient mentionnés les termes « égalité des sexes » et « femmes » dans la nouvelle Charte des Nations unies. Mais très peu de femmes sont présentes durant les discussions et leurs consœurs européennes voient la mention de « femmes » dans le texte comme un ajout réducteur. À force de négociations, les termes sont finalement ajoutés, notamment dans le préambule de la charte.

Toute sa vie, Bertha Lutz est à la fois une scientifique reconnue et une diplomate, activiste pour les droits des femmes. En 1973, Bertha Lutz l’erpétologiste publie un travail majeur sur une espèce de grenouilles spécifique du Brésil. En 1975, Bertha Lutz la diplomate se rend à la Conférence mondiale sur les femmes organisée par l’Organisation des Nations unies à Mexico. Elle meurt l’année suivante, à 82 ans.


Biographie : Myriam Piguet

Travaux (sélection)
  • Estudos sobre a biologia floral da Mangifera indica L., Rio de Janeiro, Museu Nacional, 1926.
  • A nacionalidade da mulher casada perante o direito internacional privado, Rio de Janeiro, I. Pongetti, 1933.
  • 13 principios basicos. Suggestões ao ante-projecto da constituição, Rio de Janeiro, Edição da Federação Brasileira pelo Progresso Feminino, 1933.
  • Taxonomy of the Neotropical Hylidae, Austin, Texas Memorial Museum, 1968.
  • Brazilian Species of Hyla, Austin, University of Texas Press, 1973.
Bibliographie
  • Adami, Rebecca, Women and the Universal Declaration of Human Rights, New York, Routledge, 2019.
  • Hahner, June E., « Lutz, Bertha Maria Julia », in Tenenbaum, Barbara A. (éd.), Encyclopedia of Latin American History and Culture, vol. 3, New York, Charles Scribner’s Sons, 1996, p. 474-475.
  • Luhr Dietrichson, Élise, Sator, Fatima, « Les oubliées de San Francisco », Manière de voir, no 150, décembre 2016 - janvier 2017 (www.monde-diplomatique.fr/mav/150/LUHR_DIETRICHSON/56861).
  • Skard, Torild, « Getting our History Right: How were the Equal Rights of Women and Men Included in the Charter of the United Nations? », Forum for Development Studies, vol. 35, no 1, 2008, p. 37-60.

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles