Barbara BORSINGER

Barbara BORSINGER

1892-1973, infirmière et fondatrice de la clinique des Grangettes

Née en 1892 à Baden et décédée le 9 aout 1973 à Beinwil bei Muri, en Suisse, Barbara Borsinger est une infirmière, reconnue pour ses actions en faveur de l’accueil des enfants et des réfugié.e.s au cours des deux guerres mondiales.

Barbara Borsinger grandit dans une famille patricienne catholique du canton d’Argovie et est d’origine aristocrate. Avec sa sœur Verena-Hildegarde, elle est envoyée dans un internat à Riedenburg en Autriche. Elle étudie ensuite au Sacré-Cœur de l’ile de Wight en Grande-Bretagne avant de suivre une formation d’infirmière à l’école Le Bon secours, à Genève, entre 1911 et 1914. Lors de la Première Guerre mondiale, elle s’engage sur le front français, occupe un poste à l’hôpital de Dinard en Bretagne et devient infirmière-major.

En 1918, Barbara Borsinger fonde une pouponnière et une école de puéricultrices au numéro 46 de la rue Jacques-Dalphin à Carouge en pleine pandémie de grippe espagnole. Sous le titre d’Œuvre des amis de l’enfance, l’établissement vise à accueillir des orphelin.e.s et des enfants victimes de la grippe « sans distinction de race et de religion ». Son personnel forme également des infirmières, qui sont surnommées les « petites bleues ». À la fin de l’année 1920, onze enfants sont hospitalisés et un appel à souscription est lancé dans le Journal de Genève. Face à son succès, la pouponnière et l’école quittent le quartier populaire de Carouge pour déménager dans une villa plus grande à Malagnou, qui est mise à disposition par des donateur.rice.s. Le complexe s’installe ensuite entre Grange-Canal et Grange-Falquet en 1923, puis au chemin des Grangettes en 1932. Un an plus tard, une clinique est adjointe à l’ensemble et est ouverte aux adultes. D’après les estimations de Barbara Borsinger, entre 1936 et 1937, 482 enfants sont hospitalisés, dont 321 « gratuitement ou presque ». Face à un cout de fonctionnement important – 248 francs suisses par jour et par enfant –, elle parvient à sécuriser les recettes financières de l’établissement grâce à une nurserie privée, une clinique, des collectes cantonales et au don de bienfaiteur.euse.s. La nurserie privée est essentiellement fréquentée par des diplomates et des étranger.ère.s, tandis que la clinique comprend des services de chirurgie, de maternité et de gynécologie.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, Barbara Borsinger accueille des personnes réfugiées et persécutées, qu’elles soient adultes ou enfants. À partir de 1939, elle héberge la famille Musil – Robert et Martha, respectivement écrivain et peintre, ayant fui l’Anschluss un an plus tôt – dans une dépendance de la pouponnière contre une somme dérisoire. Elle parvient également à obtenir l’accord du consul allemand Gottfried von Nostiz pour hospitaliser des enfants originaires de Savoie dans sa clinique. Ces enfants auraient franchi la frontière avec un écriteau accroché au cou mentionnant « Pouponnière de Grange-Canal », d’après la revue Le mouvement féministe. En 1943, pour les vingt-cinq ans de l’institution, Barbara Borsinger estime à plus de 6 000 le nombre de bébés hospitalisés et soignés et à 1 280 le nombre d’infirmières et de gardes d’enfants formées. En 1957, elle laisse la gestion de son établissement à l’ordre soignant des sœurs de Menzingen.

De son vivant, l’engagement de Barbara Borsinger a été salué par divers titres honorifiques : elle reçoit celui de dame de l’Ordre de la reine Élisabeth de Belgique et obtient la médaille de la Reconnaissance française. Elle meurt en 1973 dans le château de Horben dans le canton d’Argovie.


Biographie : Caroline Montebello

Travaux
  • Manuel de la nurse et de l’infirmière d’enfants, Genève, Éditions de la Pouponnière des amis de l’enfance, 1930.
Sources
  • N. B., « Une œuvre digne d’intérêt », Journal de Genève, 27 aout 1937, p. 6.
  • Gueybaud, J., « Œuvre des amis de l’Enfance », Le mouvement féministe, vol. 31, no 639, 1943, p. 39-40.
  • « Après 38 ans de direction, Mlle Borsinger quitte ‘Les Grangettes’ », Journal de Genève, 4 janvier 1957, p. 5.
  • « Décès annoncés ‘Mademoiselle Hedwige Barbara Borsinger de Baden’ », Journal de Genève, 12 aout 1972, p. 8.
  • « Une page se tourne pour l’établissement de Chêne-Bougeries : les religieuses ont quitté les Grangettes », Journal de Genève, 30 décembre 1978, p. 20.
Bibliographie
  • Gros, Christophe, « Barbara Borsinger », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 219-220.
  • Vuilleumier, Christophe, « Barbara Borsinger (1892-1973) », in Rossi, Frédéric, Vuilleumier, Christophe (dir.), Quel est le salaud qui m’a poussé ? Cent figures de l’histoire suisse, Gollion, Infolio, 2016, p. 178.
  • « Barbara Borsinger », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Barbara_Borsinger).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles