Audre LORDE

1934-1992, écrivaine, poétesse et militante lesbienne

Née le 18 février 1934 à New York et décédée le 17 novembre 1992 à Sainte-Croix aux iles Vierges des États-Unis, Audre Lorde, de son vrai nom Audrey Geraldine Lorde, est, comme elle se définit elle-même, une « Noire, lesbienne, féministe, mère, guerrière et poétesse ».

Troisième et dernière fille de parents agent.e.s immobilier.ère.s précarisé.e.s et immigré.e.s de la Barbade et de Grenade, Audrey Lorde grandit à Harlem et commence à écrire de la poésie vers l’âge de 12 ans. En 1959, elle obtient un bachelor au Hunter College suivi d’un master en bibliothéconomie à l’Université de Columbia en 1961. En 1962, elle se marie avec Edwin Rollins, avec lequel elle a deux enfants avant d’en divorcer en 1970.

Durant les années 1960, la future Audre Lorde est libraire et prend une part active dans le mouvement pour les droits civiques et les luttes féministe et pacifiste. À cette époque, sa poésie parait dans des revues afro-américaines ainsi qu’au sein d’anthologies comme The Black Woman, éditée par Toni Cade Bambara et publiée en 1970. C’est néanmoins à partir de 1976, et son recueil de poèmes Coal, qu’elle obtient une reconnaissance littéraire qui est confirmée deux ans plus tard avec le recueil The Black Unicorn. Entre 1970 et 1980, elle est professeure d’anglais à la City University of New York où elle se mobilise pour la mise en place d’un département d’études noires. En 1980, elle participe à la fondation de la maison de presse Kitchen Table : Women of Color Press aux côtés de Barbara Smith et de Cherrie Moraga. La même année, elle publie The Cancer Journals basé sur son combat contre le cancer qui aboutit à une ablation d’un sein. En 1981, elle enseigne au Hunter College et, en 1982, elle publie Zami. A New Spelling of my Name qu’elle désigne comme une « biomythographie ».

En 1984, Audre Lorde sort le recueil Sister Outsider, qui sera traduit en plusieurs langues et qui servira d’inspiration à des femmes investies dans la lutte antiraciste, féministe et lesbienne à travers le monde. La même année, elle est invitée à l’Université libre de Berlin par la professeure et féministe Dagmar Schultz qu’elle a rencontrée lors de la deuxième conférence onusienne pour les femmes à Copenhague. À partir de ce moment, Audre Lorde effectue plusieurs voyages en Europe, principalement dans la capitale allemande, mais aussi aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Suisse, où elle contribue à la politisation et la mobilisation de femmes racisées, de même qu’à la conscientisation antiraciste de féministes et lesbiennes blanches. À travers ses textes, ses lectures et ses rencontres, elle véhicule ses idées sur la nécessité de reconnaitre les différences sociales entre individus, ainsi que sur les forces du langage, de la colère, de la solidarité et de l’érotisme.

En 1984, Audre Lorde séjourne à Bâle pour faire suivre une rechute cancéreuse, puis donne une série de lectures à la Paulus-Akademie à Zurich entre 1986 et 1988. C’est dans le cadre de ces lectures qu’elle rencontre et inspire Zeedah Meierhofer-Mangeli et Carmel Fröhlicher-Stines, deux femmes afrodescendantes qui créent l’association suisse Women of Black Heritage en 1988, puis le Centre de ressources pour femmes noires à Zurich au début des années 1990. C’est également à cette époque qu’Audre Lorde est invitée à Genève par Rina Nissim, spécialiste en santé des femmes et fondatrice de la maison d’édition Mamamélis qui traduira et diffusera, dès la fin des années 1990, l’œuvre de la poétesse et écrivaine en Suisse romande, en France, en Belgique et au Canada.

Dans les années 1980, l’Europe n’est pas la seule destination d’Audre Lorde qui voyage et réseaute également aux Caraïbes, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Afrique. Elle se mobilise par ailleurs contre l’apartheid en Afrique du Sud, notamment par la mise en place de l’association Sisterhood in Support of Sisters (SISA).

En 1992, Audre Lorde meurt d’un cancer du foie à Sainte-Croix où elle résidait avec sa partenaire Gloria Joseph. Durant sa vie, elle aura obtenu de multiples prix, dont l’American Library Association Gay Caucus Book of the Year en 1981 pour The Cancer Journals, le lauréat de poésie de l’État de New York en 1991, ainsi que la Bill Whitehead Award for Lifetime Achievement en 1992.


Biographie : Pamela Ohene-Nyako

Œuvres (sélection)
  • Coal, New York, Norton, 1976.
  • The Black Unicorn, New York, Norton, 1978.
  • The Cancer Journals, Argyle (New York), Spinsters Ink, 1980.
  • Zami. A New Spelling of My Name, Watertown (Massachusetts), Persephone Press, 1982.
  • Sister Outsider, Trumansburg (New York), Crossing Press, 1984.
  • The Collected Poems of Audre Lorde, New York, Norton, 1997.
Bibliographie
  • Berlowitz, Shelley, Meierhofer-Mangeli, Zeedah, « Her Story. Die Geschichte des Treffpunkts Schwarzer Frauen », in Joris, Elisabeth, Meierhofer-Mangeli, Zeedah (dir.), Terra incognita ? Der Treffpunkt Schwarzer Frauen in Zürich, Zurich, Limmat, 2013, p. 42-90.
  • Bolaki, Stella, Broeck, Sabine (dir.), Audre Lorde’s Transnational Legacies, Amherst, Boston, University of Massachusetts Press, 2015.
  • Griffin, Ada Gay, Parkerson, Michelle (réalisation), A Litany for Survival. The Life and Work of Audre Lorde, 1995, 52 minutes.
  • Veaux, Alexis de, Warrior Poet. A Biography of Audre Lord, New York, Norton, 2004.
  • Schultz, Dagmar (réalisation), Audre Lorde. The Berlin Years, 1984-1992, 2012, 79 minutes.
  • « Audre Lorde », in Wikipédia (https://en.wikipedia.org/wiki/Audre_Lorde).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles