Annie JIAGGE
Source: Wikipédia

Annie JIAGGE

1918-1996, magistrate et défenseuse des droits des femmes ainsi que des personnes racisées

Née Beata le 7 octobre 1918 à Lomé dans le Togo français et décédée le 12 juin 1996 à Accra, Annie Ruth Jiagge est une magistrate et défenseuse des droits des femmes et des personnes racisées.

Annie Beata vient d’une famille d’instituteur.rice.s. Elle grandit, en période coloniale, entre Lomé et Keta dans une fratrie de huit enfants. Elle est scolarisée à la Achimota College en Côte de l’Or (actuel Ghana), où elle obtient un diplôme dans l’enseignement. Suite à des années consacrées à l’enseignement et à la direction de l’Evangelical Presbyterian Girls School, elle part pour Londres en 1946 afin de poursuivre ses études à la London School of Economics and Political Science où elle obtient un bachelor en droit en 1949. Durant son temps à Londres, elle s’implique au sein de la Young Women’s Christian Association (YWCA) et rejoint son comité exécutif.

À son retour en Côte de l’Or en 1950, Annie Beata établit son cabinet privé d’avocate et œuvre pour l’établissement d’une branche locale de la YWCA. En 1953, elle devient magistrate et présidente de la YWCA de 1955 à 1960. En 1959, Annie Jiagge est la première femme ghanéenne à devenir juge de première instance, puis juge à la Cour suprême en 1961, et enfin juge à la Cour d’appel en 1969. Elle occupe cette dernière position jusqu’en 1980 avant d’être nommée présidente de la Cour d’appel entre 1980 et 1983.

En 1962, du fait de son dévouement dans la lutte contre le sexisme dans le cadre de ses fonctions au sein de la YWCA, Annie Jiagge est nommée représentante ghanéenne à la Commission onusienne sur le statut des femmes. Elle est ensuite élue rapportrice de la commission en 1967 et c’est à partir de cette date qu’elle participe activement à la rédaction de la première version de la future Déclaration pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes. En 1968, elle est élue présidente de la commission et elle en reste membre jusqu’en 1972. En 1975, elle accompagne une délégation de femmes ghanéennes à la Conférence mondiale sur les femmes de Mexico avec comme principale demande la création d’une banque pour les femmes qui deviendra la Women’s World Banking. Annie Jiagge participe également aux conférences qui lui succèdent en 1980 à Copenhague et en 1985 à Nairobi, de même qu’à l’organisation de celle de 1995 à Pékin en tant que membre du conseil du secrétaire général.

En parallèle de ses activités au sein de l’Organisation des Nations unies (ONU), Annie Jiagge joue un rôle fondamental au sein du Conseil œcuménique des Églises – dont le siège est au Grand-Saconnex – et elle en devient la première présidente africaine en 1975. À partir de cette date, elle occupe plusieurs positions dans le cadre desquelles elle s’engage à la fois contre le sexisme, le racisme et l’apartheid à travers le Programme de lutte contre le racisme dont Jean Sindab est secrétaire exécutive.

Lors de la commémoration destinée à Annie Jiagge le 3 aout 1996, le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, lui rend hommage pour son combat en faveur de la justice sociale et l’égalité des femmes. Au Ghana, des bâtiments scolaires ainsi qu’une avenue portent son nom. De son vivant, Annie Jiagge aura obtenu deux prix : la Grand Medal of Ghana en 1969 et le Gimbles International Award en 1974.


Biographie : Pamela Ohene-Nyako

Sources
  • « Address by the Rev. Justice Annie Jiagge at the Friday, November 28, Plenary Session. Exploitation of Women and Related Issues », in Archives du Conseil œcuménique des Églises, 35.2/8.2.
  • « Tribute by the United Nations Secretary-General, Dr. Boutros Boutros-Ghali, on the Occasion of the Memorial for Mrs. Justice Annie Ruth Jiagge, 3 August 1996 », in United Nations Division for the Advancement of Women (www.un.org/womenwatch/daw/news/jiagge.htm).
Bibliographie
  • Pobee, John S., « Jiagge, Annie », in Lossky, Nicholas, Bonino, José Miguez, Pobee, John S., Stransky, Tom F., Wainwright, Geoffrey, Webb, Pauline (éd.), Dictionary of the Ecumenical Movement, Genève, World Council of Churches, 2002, p. 619-620.
  • « Annie Jiagge », in Wikipédia (https://en.wikipedia.org/wiki/Annie_Jiagge).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles