Anna EYNARD-LULLIN
Source: Wikipédia

Anna EYNARD-LULLIN

1793-1868, diplomate et philanthrope

Née Lullin de Châteauvieux le 26 mai 1793 à Lancy en France et décédée le 30 octobre 1868 à Genève, Anna Eynard-Lullin est une diplomate et philanthrope. Elle est au cœur de certains des plus importants évènements diplomatiques pour le canton de Genève.

Anna Lullin de Châteauvieux est née dans une ancienne famille patricienne genevoise appauvrie. Son père est le banquier Michel Lullin de Châteauvieux, sa mère est Amélie Christine Pictet. Dernière enfant d’une nombreuse fratrie, elle est surnommée « Mademoiselle de trop ». Elle vit notamment à Paris chez un oncle jusqu’à 14 ans. En 1810, elle épouse Jean-Gabriel Eynard, riche banquier de Gênes et de Toscane, installé à Genève. Il devient le secrétaire particulier de Charles Pictet de Rochemont, l’oncle d’Anna Eynard-Lullin, diplomate de la Suisse et de Genève lors des congrès qui ont lieu pour redéfinir les frontières européennes après la chute de Napoléon Ier.

Anna Eynard-Lullin est présente lors du congrès de Vienne en 1814-1815, où se discute le rattachement de Genève à la Suisse et, pour ce faire, l’agrandissement du territoire de ce qui allait devenir un canton suisse. Il s’agit aussi de garantir, au niveau international, la neutralité helvétique. Anna Eynard-Lullin a à peine 20 ans. Sa participation active et intelligente à la vie mondaine joue un rôle important dans les pourparlers, notamment parce qu’elle est en mesure de discuter avec l’empereur de Russie et le roi de Prusse. Elle tient un salon de thé réputé et fréquente les bals importants. Elle retranscrit ses expériences dans un journal, source précieuse qui pourrait être exploitée par les historien.ne.s. La correspondance de Charles Pictet de Rochemont témoigne de ses « succès » diplomatiques (même s’ils ne sont pas qualifiés comme tels). Elle est aussi présente au congrès d’Aix-la-Chapelle en 1818. Ne pouvant avoir d’enfants suite à une grave maladie, Anna Eynard-Lullin adopte avec son mari une fille en 1820.

À Genève, le couple fait notamment construire le Palais Eynard (1817-1821), qui est aujourd’hui le siège du Conseil administratif de la ville de Genève, ainsi que le Palais de l’Athénée (1863), qui est offert à la Société des arts. Anna Eynard-Lullin, passionnée d’art, de théâtre et d’architecture, participe à la conception de ces demeures. Par ailleurs, elle soutient passionnément la cause philhellène, c’est-à-dire l’indépendance de la Grèce de l’Empire ottoman lors de la guerre de libération de 1821 à 1832. Lorsqu’elle devient veuve en 1863, elle développe différentes activités philanthropiques (maison de convalescence pour jeunes filles, maison de retraite ou encore écoles). Elle lègue 30 000 francs suisses à l’Hôpital de Genève.

Les archives de la famille Eynard ont été déposées à la Bibliothèque de Genève. Sa vie fait l’objet d’un livre pour enfants paru en 2014, Mademoiselle de trop. L’histoire d’Anna Eynard-Lullin, ambassadrice pour Genève.


Biographie : Sarah Scholl

Bibliographie
  • Alville, Anna Eynard-Lullin et l’époque des congrès et des révolutions, Lausanne, P. Feissly, 1955.
  • Dommen, Bridget, Dommen, Caroline, Mademoiselle de trop, Genève, La joie de lire, 2014.
  • Ghervas, Stella, Herrmann, Irène, « Anna Eynard-Lullin », in Deuber Ziegler, Erica, Tikhonov, Natalia (dir.), Les femmes dans la mémoire de Genève, du XVe au XXe siècle, Genève, Susan Hurter, 2005, p. 82-83.
  • Vaj, Daniela, « Anna Eynard-Lullin », in Dictionnaire historique de la Suisse (https://hls-dhs-dss.ch/fr/articles/026541/2008-07-07/).
  • « Anna Eynard-Lullin », in Wikipédia (https://fr.wikipedia.org/wiki/Anna_Eynard-Lullin).

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

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Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles