Alice FAVRE
Photo fournie par la Croix-Rouge Genève (date inconnue)

Alice FAVRE

1851-1929, présidente de la Croix-Rouge genevoise

Complète l'Avenue William Favre

Née le 3 mars 1851 à Genève et décédée le 2 février 1929 dans cette même ville, Alice Favre est une philanthrope impliquée dans la Croix-Rouge genevoise. Elle en est la présidente de 1914 à 1919.

Alice Favre est la fille d’Edmond Favre, colonel et écrivain militaire, et d’Henriette Sarasin, de parcours inconnu. Malgré son ancrage dans la haute bourgeoisie genevoise, très peu d’informations sont disponibles sur sa vie et les historien.ne.s ne se sont encore que peu intéressé.e.s à son parcours. Elle aurait passé ses jeunes années dans la villa La Grange, la maison familiale qui se trouve encore aujourd’hui au milieu du parc éponyme. C’est dans cette maison qu’en 1864 un gala est organisé en l’honneur des diplomates chargés de la signature de la Convention de Genève qui inaugure les bases du droit humanitaire en temps de guerre. À cette époque, Alice Favre a 13 ans, et cet évènement fut peut-être sa première expérience avec l’organisation qui allait devenir sa vocation.

Dès 1889, Alice Favre s’investit au sein de la Société des dames de la Croix-Rouge genevoise et, en 1899, elle en devient la présidente. Grâce à son engagement humanitaire, elle voyage beaucoup, Saint-Pétersbourg en 1904 ou Washington en 1912, et s’exprime publiquement lors de différents congrès internationaux de la Croix-Rouge. À l’époque, le Comité de la Croix-Rouge genevoise est divisé en deux sociétés distinctes, l’une féminine et l’autre masculine. Dans ce cadre, les femmes s’occupent principalement de l’aide pratique, notamment en récoltant du matériel pour les soldats blessés, comme des pansements ou du linge. Elles créent également un établissement d’infirmières qui travaillent avec des médecins. Les hommes sont plutôt chargés de la récolte de financement et de subvention. En 1914, les deux sociétés fusionnent pour devenir la Section genevoise de la Croix-Rouge suisse. L’organisation est alors composée d’une grande majorité de femmes, avec 960 membres féminins et 186 membres masculins. C’est Alice Favre qui en devient la présidente. D’après le journal Le mouvement féministe, elle est, en 1929, « la seule femme, sauf erreur, qui ait occupé un poste de cet ordre en Suisse ». Ce journal précise aussi qu’Alice Favre représente la Croix-Rouge suisse durant les assemblées générales de l’Alliance nationale des sociétés féminines suisses et qu’elle prend part à la première campagne suffragiste à Genève en 1914.

Pendant la guerre, Alice Favre et la Croix-Rouge genevoise organisent l’accueil des réfugié.e.s et soldats à Genève. Elle met également en place des paquets de Noël pour les soldats suisses en poste à la frontière, et quand la guerre se termine, en 1918, son engagement ne s’arrête pas pour autant. Elle rejoint le Comité central de la Croix-Rouge suisse et dirige un nouveau programme d’activités qui comprend la création d’un dispensaire d’hygiène sociale à Genève, réinventant ainsi le rôle de la Section genevoise en temps de paix qui prend une direction sociale et locale. Alice Favre écrit aussi beaucoup, et quelques années avant sa mort, en 1924, elle publie Pensées sur la vie, un livre qui est le résultat de ses réflexions et qui reprend des lettres qu’elle adressait au Journal de Genève pour partager ses opinions.

À l’occasion de sa mort en 1929, Alice Favre reçoit les honneurs de plusieurs personnalités et journaux qui lui consacrent des notices nécrologiques fournies. L’une d’elles dit même : « Il restera […] maintes traces de l’activité qu’Alice Favre a déployé [sic] dans divers domaines et pendant tant d’années ». Mais aujourd’hui, Alice Favre est une personnalité dont l’histoire reste encore à écrire, et pour qui les informations retrouvées sont très lacunaires.


Biographie : Myriam Piguet

Œuvres
  • Pensées sur la vie, Genève, Sonor, 1924.
Sources
  • « Rapport pour l’année 1898 présenté par Mlle Alice Favre, 17 février 1899 », Rapports de la Société genevoise des dames de la Croix-Rouge, 1890-1913 (document de la Croix-Rouge genevoise non catalogué).
  • « Rapport pour l›année 1914 présenté par Mlle Alice Favre, 14 avril 1914 », Rapports de la Section genevoise de la Croix-Rouge suisse, 1914-1919 (document de la Croix-Rouge genevoise non catalogué).
  • Dr. M., « Mademoiselle Alice Favre », Revue mensuelle de la Croix-Rouge suisse, vol. 37, no 3, p. 57-60.
  • E. GD, « In memoriam. Mlle Alice Favre », Le mouvement féministe, vol. 17, no 301, 1929, p. 28.
  • « Celles qui disparaissent : une ancienne présidente de la Croix-Rouge genevoise Mlle Alice Favre », Tribune de Genève, 5 février 1929.
Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles