Alexandra KOLLONTAÏ
1872-1952, ambassadrice de l’URSS
Née Domontovitch le 19 mars 1872 à Saint-Pétersbourg et décédée le 9 mars 1952 à Moscou, Alexandra Kollontaï est une militante révolutionnaire, politicienne et diplomate russe du XXe siècle. Elle œuvre sa vie durant à l’amélioration de la condition des femmes. Congé maternité de seize semaines, création de maternités et crèches, obtention du droit de vote et d’être élue, droit de divorce par consentement mutuel, salaire égal à celui des hommes, et finalement droit à l’avortement, autant de combats menés par Alexandra Kollontaï avec force et acharnement.
Alexandra Domontovitch est issue d’une famille aristocratique russe d’origine finlandaise. Après avoir passé son baccalauréat à Paris, elle part le 13 aout 1898 étudier à l’Université de Zurich les sciences économiques et sociales, où elle se lie avec Rosa Luxemburg. À Genève, elle s’initie au marxisme avec Gueorgui Plekhanov, et fréquente également la communauté des immigré.e.s russes. À la suite de la publication de trois ouvrages portant sur le mouvement ouvrier et le socialisme, dont elle est déjà, en 1906, considérée comme spécialiste, Alexandra Kollontaï s’intéresse avec vigueur à la cause des femmes. Le 9 janvier 1905, elle manifeste sur la place du Palais d’Hiver à Moscou, et fait, cette même année, la connaissance de Lénine.
De 1906 à 1915, Alexandra Kollontaï est membre du courant menchevik du Parti social-démocrate russe. Elle doit s’exiler de Russie en 1908, étant inculpée dans deux procès politiques. Elle n’y revient qu’en 1917, au lendemain de la Révolution de février, mais en tant que bolchevik. C’est à ce moment que sa carrière politique prend une nouvelle tournure : en avril, elle est nommée au comité exécutif du Soviet de Petrograd, puis participe activement à la Révolution bolchevik d’octobre. Elle est alors nommée commissaire du peuple aux Affaires sociales, et devient membre du premier gouvernement de Lénine. Alexandra Kollontaï obtient, en automne 1920, la direction du Département des femmes au sein du parti (Zhenotdel), et assure la direction du secrétariat international des femmes de l’Internationale communiste. Quelques mois plus tard, elle fonde l’Opposition ouvrière, ce qui présagera probablement la fin de sa carrière politique en République soviétique. Faction dite « de gauche » au sein du parti, l’Opposition ouvrière met en exergue les inconséquences de ce dernier – en particulier concernant le rôle des syndicats ainsi que celui de la bureaucratie. L’organe est dissout en 1922 et Alexandra Kollontaï est écartée du parti.
La stratégie de Staline pour se débarrasser de l’élément Kollontaï fut de l’envoyer en tant que représentante à l’étranger. Ainsi, en 1923, Alexandra Kollontaï devient ambassadrice de l’URSS en Norvège. Envoyée pour des raisons analogues au Mexique en 1926, elle ne peut cependant y rester pour des raisons de santé, et revient exercer ses fonctions en Norvège jusqu’en 1930. Le 30 octobre 1930, elle est nommée en Suède. En parallèle, de 1935 à 1939, elle est membre de la délégation soviétique à la Société des Nations à Genève. En 1940, elle joue un rôle majeur dans la signature du traité de Moscou, qui met fin au conflit entre la Finlande et l’URSS. Alexandra Kollontaï termine son parcours politique en qualité de doyenne du corps diplomatique en Suède en 1945, alors âgée de 73 ans.
Biographie : Nelson Amici
- La famille et l’État communiste, Paris, Bibliothèque communiste, 1920.
- L’ouvrière et la paysanne dans la République soviétique, Paris, Librairie de l’Humanité, 1921.
- Marxisme et révolution sexuelle, textes choisis par Judith Stora-Sandor, Paris, Maspero, 1973.
- La révolution, le féminisme, l’amour et la liberté, textes choisis et présentés par Patricia Latour, Montreuil, Le temps des cerises, 2017.
- Clavin, Patricia, Sluga, Glenda (éd.), Internationalisms. A Twentieth-Century History, Cambridge, Cambridge University Press, 2017.
- Farnsworth, Beatrice, « Aleksandra Kollontai. Socialism, Feminism, and the Bolshevik Revolution », American Anthropologist, vol. 84, no 3, 1982, p. 661-662.