Alice Émilie NOERBEL BERTRAND
Source/Journal de Genève, 9 septembre 1941

Alice Émilie NOERBEL BERTRAND

1872-1941, missionnaire et philanthrope

Née le 26 juin 1872 à Milan et décédée le 7 septembre 1941 à Genève, Alice Émilie Noerbel Bertrand est une exploratrice et missionnaire chrétienne. Elle fait notamment don aux musées genevois d’une collection ethnographique dans les années 1930. Sa vie est difficile à retracer, car elle a été effacée par la popularité de son conjoint, Alfred Bertrand.

Durant sa jeunesse, Alice Noerbel s’est occupée des Unions chrétiennes de jeunes filles (UCJF) d’Italie, le pendant féminin de l’Union chrétienne de jeunes gens, plus connu sous l’acronyme anglais YMCA, des groupes chrétiens de rencontre et d’évangélisation. Elle se marie avec le Suisse Alfred Bertrand en 1907. Ce dernier, héritier et rentier, est connu pour ses voyages aux quatre coins du monde, mais aussi pour ses opinions en faveur d’une prétendue supériorité de la race blanche dans l’espèce humaine et celle du protestantisme sur les autres religions. Le couple entame un tour du monde et se rend ensuite au Lesotho notamment comme missionnaires.

De retour à Genève, Alice Noerbel Bertrand devient vice-présidente de l’Alliance universelle des UCJF, la faitière internationale de l’association, pour laquelle elle se rend fréquemment à Londres avant que le quartier général ne soit transféré à Genève en 1930. Elle fonde ensuite le Groupe international de l’Union chrétienne, à l’intention des femmes de passage à la Société des Nations ou à l’Organisation internationale du travail. Philanthrope à la façon des riches familles protestantes, elle s’intéresse à des œuvres de moralisation, tels l’Armée du salut et l’Asile de relèvement, ce dernier étant fondé par sa belle-sœur, Julia Bertrand.

Alice Noerbel Bertrand reçoit, le 13 décembre 1933, la Médaille vermeil « Genève reconnaissante » pour son engagement dans la cité et surtout pour ses dons. Elle a en effet offert une collection d’objets rapportée de voyages par son mari (et sans doute par elle aussi, mais la littérature n’en fait jamais mention) : 1 700 tirages photo et 900 objets ethnographiques. Le Musée d’ethnographie de Genève (MEG) et le Muséum d’histoire naturelle de Genève en ont bénéficié. En 2007, une exposition intitulée Alfred Bertrand, un Genevois autour du monde organisée au MEG ne semble pas avoir interrogé le rôle d’Alice Noerbel Bertrand dans la collecte ou la conservation de ces artefacts. En 2013, une exposition au parc Bertrand met en scène les photographies provenant entre autres de leurs séjours à l’étranger et en offre une lecture critique : « Clichés exotiques, le tour du monde en photographies (1860-1890) ».

Alice Noerbel Bertrand a aussi légué, entre 1933 et 1940, sa propriété à la ville de Genève, qui est devenue le parc Bertrand. Elle est enterrée au cimetière des Rois. Le Journal de Genève lui consacre une demi-colonne de nécrologie, se concluant sur ces mots : « Cette grande dame, d’une magnifique intelligence, d’une bonté exquise, d’une distinction d’esprit et de manières à nulle autre pareille, laissera à Genève d’immenses regrets, mais plus encore le souvenir inoubliable de son exemple et de ses bienfaits ».


Biographie : Sarah Scholl

Bibliographie

Emplacement temporaire des plaques du Projet 100Elles*

Femme* ayant obtenu un nom de rue officiel

100 Elles* - Le recueil

Retrouvez cette biographie dans le recueil

L’avenue Ruth Bösiger ? La rue Grisélidis Réal ? Ou le boulevard des Trente Immortelles de Genève ? Si ces noms ne vous disent rien, c’est parce que ces rues n’existent pas. Ou pas encore... À Genève, l'Escouade a fait surgir cent femmes* du passé où elles avaient été enfouies, en installant de nouveaux noms de rues dans la ville. Le livre 100Elles*constitue le recueil de ces cent portraits illustrés.

Cent biographies de femmes ayant marqué l'histoire du VIe au XXe siècle pour lutter contre l'effacement des figures féminines de la mémoire collective et les mécanismes patriarcaux de l’historiographie.

Cet ouvrage est le fruit d'un travail collaboratif, local et inclusif. Rédigé par des historiennes de l’Université de Genève et réalisé sous la direction de l’Escouade, il est illustré par dix artistes genevoises, alumnae de la HEAD – Genève, partenaire du projet.

Ouvrage disponible en librairie et sur le site des Editions Georg: https://www.georg.ch/livre-100elles